Gamelle (La)

Auteur(s)

Année de composition

1793

Genre poétique

Description

Quatrains de deux octosyllabes et deux hexasyllabes en rimes plates + refrain en quatrain en rimes croisées

Mots-clés

Paratexte

Chanson populaire

Texte

Air : Dansons la carmagnole

Savez-vous pourquoi, mes amis,
Nous sommes tous si réjouis ?
C'est qu'un repas n'est bon
Qu'apprêté sans façon :
Mangeons à la gamelle,
Vive le son, (bis)
Mangeons à la gamelle,
Vive le son du chaudron.

Point de froideur, point de hauteur,
L'aménité fuit le bonheur ;
Non, sans fraternité,
Il n'est point de gaîté.
Mangeons à la gamelle,
Vive le son, (bis)
Mangeons à la gamelle,
Vive le son du chaudron.

Nous faisons fi des bons repas,
On y veut rire, on ne peut pas.
Le mets le plus friand,
Dans un vase brillant,
Ne vaut pas la gamelle.
Vive le son, (bis)
Ne vaut pas la gamelle,
Vive le son du chaudron.

Vous qui bâillez dans vos palais
Où le plaisir n'entra jamais,
Pour vivre sans souci,
Il faut venir ici,
Manger à la gamelle.
Vive le son, (bis)
Manger à la gamelle,
Vive le son du chaudron.

On s'affaiblit dans le repos,
Quand on travaille on est dispos.
Que nous sert un grand cœur,
Sans la mâle vigueur
Qu'on gagne à la gamelle.
Vive le son, (bis)
Qu'on gagne à la gamelle,
Vive le son du chaudron.

Une fille à tempérament
Qui veut se choisir un amant,
Aux faquins du bon tour
Préfère un bon luron
Qui mange à la gamelle.
Vive le son, (bis)
Qui mange à la gamelle,
Vive le son du chaudron.

Savez-vous pourquoi les Romains
Ont subjugué tous les humains ?
Amis, n'en doutez pas,
C'est que ces fiers soldats
Mangeaient à la gamelle.
Vive le son, (bis)
Mangeaient à la gamelle,
Vive le son du chaudron.

Ces Carthaginois si lurons
À Capoue ont fait les capons.
S'ils ont été vaincus
C'est qu'ils ne daignaient plus
Manger à la gamelle.
Vive le son, (bis)
Manger à la gamelle,
Vive le son du chaudron.

Bientôt les brigands couronnés,
Mourans de faim, proscrits, bernés,
Vont envier l'état
Du plus pauvre soldat
Qui mange à la gamelle.
Vive le son, (bis)
Qui mange à la gamelle,
Vive le son du chaudron.

Ah ! S'ils avaient le sens commun,
Tous les peuples n'en feraient qu'un :
Loin de s'entr'égorger,
Ils viendraient tous manger
À la même gamelle.
Vive le son, (bis)
À la même gamelle,
Vive le son du chaudron.

Amis, terminons ces couplets
Par le serment des bons Français ;
Jurons tous, mes amis.
D'être toujours unis.
Vive la République !
Vive le son, (bis)
Vive la République !
Vive le son du canon.