Oiseau de passage et les pigeons (L')

Année de composition

1791

Genre poétique

Description

Mots-clés

Musique

Paratexte

Texte

Pauvres petits ! Où fuyez-vous ?
Demande en débarquant un oiseau de passage,
À nombre de pigeons errants sur le rivage.
Des hommes, des cruels nous évitons les coups,
Dit la troupe affligée, en son touchant langage ;
À la fuite, à la mort on nous condamne tous.
Par notre constance éternelle,
Des amants, des époux nous étions le modèle ;
Mais hélas ! aujourd'hui, les plus tendres accents
Ne sont pour ces cœurs durs que sots gémissements ;
Nous sommes poursuivis en tous lieux, à toute heure.
Bien d'autres animaux, à deux pieds comme nous,
Presque aussi doux,
Sont chassés, sont forcés de quitter leur demeure.
Pour Jean Lapin, il faut qu'il meure ;
On assure qu'il est proscrit.
Le nouveau débarqué reprit :
Quelques bêtes, au moins, restent dans la contrée ?
Toute espèce, à jamais, n'en est pas séparée ?
Non, disent les pigeons, on garde en ces climats,
Tigres, loups et renards, singes, taupes et rats,
De plus, tous les oiseaux de proie.
Mes amis, dit le voyageur,
Voyez-vous ce vaisseau ? Sa voile se déploie ;
Allons, suivez-moi tous, je repars de grand cœur :
Cherchons au loin la paix, la verdure et la joie :
Au pays des méchants il n'est point de bonheur.

 
 

Sources

Almanach des Muses de 1792, ou Choix des poésies fugitives de 1791, Paris, Delalain, 1792, p. 243.