Vers adressés au Premier Consul, le jour de la promulgation de son consulat à vie

Année de composition

1802

Genre poétique

Description

Octosyllabes

Mots-clés

Musique

Paratexte

Texte

Il luit enfin cet heureux jour
Où, brillante d'un nouveau lustre,
À son héros le plus illustre
La France offre un tribut d'amour.
Laissons les cœurs pusillanimes
Contre un tel don se récrier,
Ce n'est qu'aux êtres magnanimes
Qu'il convient de l'apprécier.
N'a-t-on pas vu la Grèce et Rome
Pour récompenser le grand homme
Lui dresser même des autels ?
Pour nous quels insignes exemples :
Les vertus obtenoient des temples
Et des hommages immortels.
Ne pense pas qu'à ta fortune
Mon âme franche et sans détours
Vienne, adulatrice importune,
Offrir le vil encens des cours :
L'hommage que j'offre au génie
Mon cœur révolté le dénie
Au vain faste de la grandeur ;
La vertu seule et sa splendeur
Ont droit aux respects les plus justes :
Oui, les Trajans, oui, les Augustes,
Ces dieux mortels nous ont fait voir
Quels biens produit un grand pouvoir.
Suivons l'exemple de ces braves
Qui sous tes lois ont combattu ;
Sous leurs honorables entraves
Avilissoient-ils leur vertu ?
Craignoient-ils de paroître esclaves ?
Cet héroïque dévouement
D'âmes prodigues de leurs vies,
Obéissant aveuglément,
Mais sans jamais être asservies,
Vaut bien ces tristes avortons,
Singes modernes des Catons,
Se parant de vertus publiques,
Hypocrites de liberté,
Qui prêchèrent la pauvreté
Et qui pillèrent les boutiques.
Ah ! Qu'ils regrettent ce bon temps :
Moi, sans regarder en arrière,
Pourvu que tu puisses long-temps
Fournissant ta vaste carrière,
De l'État soutenir le faix,
Le gouverner ta vie entière,
Tous mes vœux seront satisfaits.

 
 

Sources

BNF, Ye 29581 (Poésies diverses composées en Égypte, en Angleterre et en France, Paris, Imprimerie Didot L'Aîné, an XII, p. 43-45).