Hymne à la Fraternité
Mots-clés
Paratexte
Chanté le jour de l'inauguration des bustes de Brutus, Voltaire, Rousseau, Lepelletier et Marat
Texte
Air : Ce fut par la faute du sort
La Fraternité certain jour
Prit congé du céleste empire,
Et vers le terrestre séjour
Par les vertus se fit conduire ;
L'Égalité la précédait,
Près d'elle était la Surveillance ;
La Liberté les éclairait,
Leurs pas se portaient vers la France.
Prosternez-vous, heureux mortels
Qui sacrifiez à la déesse ;
D'encens parfumez ses autels,
Livrez-vous tous à l'allégresse ;
Qu'à grands flots ses adorateurs
Courent inonder son passage,
De ses précieuses faveurs
Elle va faire le partage.
Dans la France un groupe nombreux
Est lié par d'étroites chaînes ;
Ma fille, si j'en crois mes yeux,
Ces douces chaînes sont les miennes ?
Oui, oui, répond l'Égalité,
Les voilà ceux qui sur la terre,
Foulant aux pieds la vanité,
S'appellent tous du nom de frère.
La Déesse à ses favoris,
De sa bonté donne des marques :
Recevez, leur dit-elle, un prix
Que je vous dois plus qu'aux monarques ;
Français ! Chez vous j'habiterai
Avec l'Égalité, ma fille,
À vos travaux j'assisterai
Et nous chanterons en famille.
Vous dont l'image est dans ces lieux,
Fiers auteurs, illustres victimes,
Toi, républicain généreux,
Combien vos destins sont sublimes !
Vous n'êtes point canonisés,
Que chacun de vous s'en console,
Par le peuple divinisés
Vous pouvez bien braver l'étole.