Stances sur un décret qui ordonne de mettre l'âge aux portes

Année de composition

1794

Genre poétique

Description

Quatrains d'octosyllabes en rimes croisées

Mots-clés

Paratexte

Texte

Ô citoyens législateurs !
Écoutez notre humble prière !
Écoutez les Grâces en pleurs,
Qui vous implorent pour leur mère !

Pourquoi, d'un décret importun,
Souiller votre gloire et la nôtre ?
En décrétant les droits de l'un,
Deviez-vous nuire à ceux de l'autre ?

Il en est un, bien précieux,
Dont l'Amour vous rend responsables ;
C'est le droit de vous rendre heureux,
En cherchant à nous rendre aimables.

Pour le conserver plus longtemps,
D'une main que l'Amour éclaire,
Nous ornons des fleurs du printemps
Notre tête quadragénaire.

Nos cheveux blancs, notre secret
Sont bien souvent cachés par elles :
Faut-il qu'un funeste décret
Trahisse le secret des belles ?

Eh quoi ! Dire avec vérité
Combien d'hivers couvrent nos têtes !
Au moins si vous aviez compté
Par le nombre de nos conquêtes !

Ah ! De nos plus chers intérêts,
Nous soutiendrons mieux l'avantage ;
Et nous braverons vos décrets,
Puisque vous bravez notre usage.

Promettez-nous donc d'effacer
Les maux que le temps nous apprête ;
Ou si vous voulez le fixer,
Avant décrétez qu'il s'arrête.

 
 

Sources

Almanach des Muses pour l'an III de la République, ou Choix des poésies fugitives de 1794, Paris, Louis, an III, p. 49-50.