Hymne du 10 germinal pour la fête de la Jeunesse

Auteur(s)

Année de composition

1796

Genre poétique

Description

Dizains d'octosyllabes + refrain en quatrain d'octosyllabes en rimes croisées

Texte

Musique de Hyacinthe Jadin

Trop longtemps on vit sur nos têtes
Flotter les nuages impurs ;
Trop longtemps les noires tempêtes
Ont troublé la paix de nos murs.
Avec les dons nouveaux de Flore,
Qu'un jour serein comme l'aurore
Rayonne enfin sur nos climats !
Et puissent loin de nos rivages
Et l'infortune et les orages
S'éloigner avec les frimats.

Ô germinal mois d'allégresse,
Dieu de la rosée et des fleurs !
Donne à l'empire ta jeunesse,
Et tes germes réparateurs. (bis)

Que la Patrie encor sanglante
Vous inspire quelque pitié,
Voyez cette saison riante
Qui vous invite à l'amitié.
Malheur à ce Français farouche,
Qui ferme son cœur et sa bouche
À la douceur d'un sentiment ;
Qui se repaît de sa furie,
Et ne sait point à la patrie
Immoler son ressentiment !

Ô germinal mois d'allégresse,
Dieu de la rosée et des fleurs !
Donne à l'empire ta jeunesse,
Et tes germes réparateurs. (bis)

De la Nature rajeunie,
Suivons les bienfaisantes lois ;
Imitons sa douce harmonie,
Par elle affermissons nos droits.
Voyez de quelle étroite chaîne
Au tronc amoureux de ce chêne
Le lierre se plaît à s'unir ;
Cette onde embrasse le bocage,
Et déjà le naissant feuillage
S'incline au baiser du Zéphir.

Ô germinal mois d'allégresse,
Dieu de la rosée et des fleurs !
Donne à l'empire ta jeunesse,
Et tes germes réparateurs. (bis)

Dans cette saison fortune
Qui n'a point amolli son cœur ?
La lionne moins forcenée
Rugit d'une tendre fureur ;
Les couleuvres impitoyables
Quittent leurs poisons redoutables
Pour se presser des plus doux nœuds ;
Et l'homme seul, qu'un Dieu facile,
Forma d'une si noble argile,
Garderait d'homicides vœux ?

Ô germinal mois d'allégresse,
Dieu de la rosée et des fleurs !
Donne à l'empire ta jeunesse,
Et tes germes réparateurs. (bis)

Ah ! Si l'implacable vengeance
Doit armer vos bras irrités,
Sur les ennemis de la France
Vengez vos murs ensanglantés.
Jeunes Français, Français fidèles,
Recevez des mains paternelles
Ce glaive, soutien de vos droits ;
Volez dans les champs de la gloire,
Et rassurez par la victoire
L'édifice naissant des lois.

Ô germinal mois d'allégresse,
Dieu de la rosée et des fleurs !
Donne à l'empire ta jeunesse,
Et tes germes réparateurs. (bis)

Auguste loi ! Vierge sacrée !
Fille du souverain des cieux !
Descends de la voûte azurée,
Découvre ton livre à nos yeux ;
Jurons sur sa page immortelle,
Jurons une guerre éternelle
Aux tyrans de la Liberté :
Jurons de servir la patrie,
De lui rendre la paix chérie,
Et de sauver l'humanité.