Charles IX, ou Cadet Buteux aux Français

Auteur(s)

Année de composition

1790

Genre poétique

Description

Quatrains en rimes plates

Mots-clés

Paratexte

Chanson grivoise publié par Gouriet, 1790

Texte

Air : Qui veut savoir l'histoire entière ?

J'ignorions l'histoire certaine,
D'Guise et du cardinal d' Lorraine,
Mais j'en parlerons désormais,
Car morgue, j'ons vu les Français.

Quoiqu'l'auteur de c'te t'argédie,
Chez les sots passe pour un impie,
J'répondrons qu' sans être indévot
On peut démasquer un cagot.

Drès l'abord on voit deux bons hommes,
Rares dans le siècle où c'que j'sommes ;
L'un est Coligni, l'amiral,
L'autre est l'chancelier d' l'Hôpital.

Ces deux papas pleins de science
Font des projets pour l'bien d'la France,
Mais Médicis et les Lorrains
Bientôt savent les rendre vains.

Coligni parle comme un ange,
Et de son côté le roi s'range ;
Mais aussitôt qu'il est parti,
Charlot prend un autre parti.

Sa mèr', qui le tient zen tutelle,
À son gré lui brouill' la cervelle ;
Puis il promet à l'Hôpital,
De faire l'bien, mais il fait l'mal.

Le chancelier est un vieux reître,
Qui sait l'évangile mieux qu'un prêtre :
Il dit : qu' s'il est mal pratiqué,
C'est qu'l'pap' l'a mal expliqué.

Par un discours fort juste, il prouve
Que l' ciel toutes les sect' approuve,
Il conclut d'la qu'les protestans
De Dieu sont aussi les enfans.

La d'sus la reine Catherine,
Toujours à son fils f'sant bonn' mine,
Forme avec Guise et l' cardinal,
L' projet de perdre l'amiral.

Le roi l'souffre, et vraiment perfide,
Laiss' bénir l'glaive homicide
Qui de tout un peuple égorgé,
Doit faire une offrande au clergé.

L'tocsin tonne, et les catholiques
Assassin' tous les hérétiques ;
Tous, excepté le jeune Henri,
Qui fait un fier charivari.

L'Hôpital, indigné, s'esquive,
Abandonnant c't' infernal' rive :
Mais Dieu fait tout d'suite à Valois,
Des remords entendre la voix.

Ce pauvre roi, dont la détresse
Forme un des beaux endroits d'la pièce,
Prouve au public, par ses tourmens,
Qu'il est un Dieu pour les méchans.

Faut entendre encore comm' Charle,
Croyant voir des r'venans, leur parle ;
Se désol', puis à deux genoux
Leur demande pardon à tous.

L'auteur d'la pièce est un Socrate
Qui n'sent nullement l'aristocrate ;
Il lâche des lardons tour à tour
Cont' les cagots et les gens d' cour.