Vaudeville de la pièce des « Petits Montagnards »

Année de composition

1793

Genre poétique

Description

Huitains d'octosyllabes en rimes croisées

Texte

Heureux habitants des montagnes,
Chez vous siège la liberté !
Elle eut, en tout temps, pour compagnes,
L'innocence et la vérité.
Ici, le soleil sans nuages,
Chaque jour, frappe vos regards ;
À vos pieds, voyez les orages,
Et soyez toujours montagnards.

Ce fut sur la montagne antique
Que naquit l'homme libre et fier ;
C'est de la montagne helvétique
Que Tell pulvérisa Guesler.
Que dans la plaine, les esclaves
Rampent aux genoux des Césars :
Pour nous, sans maîtres, sans entraves,
Nous serons toujours montagnards.

Londres, Berlin, Vienne et l'Espagne
Prétendaient nous remettre aux fers :
Mais du sommet de la montagne,
Un dieu planait sur l'univers.
Par sa fermeté, sa prudence,
Malgré leurs bataillons épars,
La montagne a sauvé la France :
Gloire immortelle aux montagnards !

De la montagne inébranlable,
Le plus terrible des volcans
A frappé la foule coupable
Des satellites des tyrans.
La foudre a terrassé le crime ;
Il ne souille plus nos regards ;
Et depuis ce moment sublime,
Tous les Français sont montagnards.

Y en a ben qu'la crainte accompagne ;
Qui n'sont pas ferm' sur leurs jarrets ;
I voulons gravir la montagne,
Et r'tombons toujours dans l'marais.
C'n'est pas là leur route ordinaire.
Ils sont sujets à trop d'écarts…
Ils ont beau dire, ils ont beau faire ;
Ils n'seront jamais montagnards.

Sur la montagne, dès l'enfance,
Nous en conservons la fierté.
Nous brûlons avec tout'la France
De l'amour de la liberté.
Puiss'notre première campagne
Être agréable à vos regards !…
Vous êtes tous de la montagne ;
Accueillez les petits montagnards.