Hymne de mort

Auteur(s)

Année de composition

1793

Genre poétique

Description

Huitains

Texte

Air : Veillons au salut de l'empire

Des vils oppresseurs de la France,
J'ai dénoncé les attentats ;
Ils sont vainqueurs, et leur vengeance
Ordonne aussitôt mon trépas.
Liberté ! Liberté ! Reçois donc mon dernier hommage ;
Tyrans, frappez ; l'homme libre enviera mon destin.
Plutôt la mort que l'esclavage !
C'est le vœu d'un républicain.

Si j'avais servi leur furie,
Ils m'auraient prodigué de l'or ;
J'aimai mieux servir ma patrie,
J'aimai mieux recevoir la mort.
Liberté ! Liberté ! Quelle âme à ton feu ne s'anime ?
Tyrans ! frappez ; l'homme libre enviera mon destin.
Plutôt le trépas que le crime !
C'est le vœu d'un républicain.

Que mon exemple vous inspire,
Amis ! Armez-vous pour vos lois :
Avec les rois Collot conspire,
Écrasez Collot et les rois.
Robespierre ! Et vous tous, vous tous que le meurtre accompagne ;
Tyrans ! Tremblez, vous devez expier vos forfaits :
Plutôt la mort que la Montagne,
Est le cri des fiers Lyonnais.

Et toi, qu'à regret je délaisse,
Amante, si chère à mon cœur,
Bannis toute indigne faiblesse,
Sois plus forte que ta douleur !
Liberté ! Liberté ! Ranime et soutiens son courage !
Pour toi, pour moi, qu'elle porte le poids de ses jours :
Son sein, peut-être, enferme un gage,
L'unique fruit de nos amours !

Digne épouse ! Sois digne mère,
Prends ton élève en son berceau !
Redis-lui souvent que son père
Mourut du trépas le plus beau.
Liberté ! Liberté ! Qu'il t'offre son plus pur hommage ;
Tyrans ! Tremblez, redoutez un enfant généreux !
Plutôt la mort que l'esclavage,
Sera le premier de ses vœux.

Que si d'un nouveau Robespierre
Ton pays était tourmenté,
Mon fils ! Ne venge point ton père,
Mon fils, venge la Liberté !
Liberté ! Liberté ! Qu'un succès meilleur l'accompagne ;
Tyrans ! Fuyez, emportez vos enfans odieux !
Plutôt la mort que la Montagne,
Sera le cri de nos neveux.

Oui, des bourreaux de l'Abbaye
Les succès affreux seront courts :
Un monstre effrayait sa patrie,
Une fille a tranché ses jours.
Liberté ! Liberté ! Que ton bras sur eux se promène !
Tremblez, tyrans ! Vos forfaits appellent nos vertus :
Marat est mort chargé de haine,
Corday vit auprès de Brutus.

Mais la foule se presse et crie ;
Peuple infortuné, je t'entends !
Adieu, malheureuse patrie ;
Adieu, mes amis de vingt ans !
Liberté ! Liberté ! Pardonne à la foule abusée !
Mais, vous, tyrans, le midi peut encor vous punir :
Moi, je m'en vais dans l'Élysée,
Avec Sydney m'entretenir !