Montagne (La)

Auteur(s)

Année de composition

1793

Genre poétique

Description

Huitains d'octosyllabes terminés par un hexasyllabe en rimes croisées

Musique

Paratexte

Texte

Air : De la croisée

On a mille goûts différents ;
On fait mille choix dans le monde ;
L'un veut toujours courir aux champs,
Et l'autre voyager sur l'onde.
L'un de la ville aime le bruit,
L'autre la paix de la campagne ;
Tel court la plaine, et tel la fuit :
Moi, j'aime la Montagne.

Qui de ce bienfaisant ruisseau
Peut arrêter le cours rapide ?
Qui peut corrompre ainsi son eau,
Si ce n'est un marais fétide ?
Il la change en bourbier fatal
Pour l'habitant de la campagne,
Son onde était comme un cristal,
Sortant de la Montagne.

La vertu nous place très haut,
Le vice abaisse, il humilie ;
On rampe quand on est un sot,
On s'élève avec du génie.
Au Parnasse, un auteur gravit
S'il veut la gloire pour compagne :
Le dieu du goût et de l'esprit
Siège sur la Montagne.

Quand Dieu fit entendre sa voix
À l'Hébreu rebelle et volage ; 
Quand l'Éternel donna des lois
Qui devaient le rendre plus sage,
Pour prononcer de tels arrêts,
Il ne s'est pas mis en campagne :
Mais il a dicté ses décrets,
Du haut de la Montagne.

 
 

Sources

Almanach des Muses de 1794, ou Choix des poésies fugitives de 1793, Paris, Delalain, an II, p. 57-58.