Chanson des muscadi

Auteur(s)

Année de composition

1793

Genre poétique

Description

Huitains d'octosyllabes en rimes plates

Paratexte

Chantée à la société populaire de Poitiers, le 20 brumaire an 2 de la République

Texte

Air : Je suis né natif de Ferrare

Par des complots, par l'infamie,
L'implacable aristocratie
Croit en vain servir son parti.
Ahi ! Povero muscadi ! (bis)
Bientôt du peuple un mandataire,
Dont la présence est nécessaire,
Saura purger ce climat-ci.
Ah ! Bravo républicani ! (bis)

Quelques magistrats empiriques
Osoient se montrer inciviques ;
Ils ne sont plus rien aujourd'hui.
Ahi ! Povero muscadi ! (bis)
Des sans-culottes les remplacent,
Avec succès tous s'entrelacent,
Et nous prêchons des convertis.
Ah ! Bravo républicani ! (bis)

Loin du foyer on est de glace ;
Partout on trame avec audace,
Et par là tout est ralenti.
Gare aux agens des muscadi ! (bis)
Car sous peu dame guillotine,
Sans tisane et sans médecine,
Guérira du torticolis.
Ah ! Bravo républicani ! (bis)

Les titres, les biens et les grâces
Étoient prodigués à deux races
Que l'on a réduit à zéro.
Ahi ! Povero muscadi ! (bis)
Maintenant le sans-culotisme,
Les talens, les mœurs, le civisme,
Aux fonctions seront admis.
Ah ! Bravo républicani ! (bis)

Si le vice alloit en carosse,
Si l'on donnoit tout à la crosse,
À bas voiture et mitre aussi.
Ahi ! Povero muscadi ! (bis)
S'il est instruit, s'il est civique,
Le citoyen d'une boutique
Aux grands emplois sera conduit.
Ah ! Bravo républicani ! (bis)

Ces messieurs à grandes cuisines,
Qui n'étoient gras que de rapines,
Obtiendront sans doute un sursis.
Ahi ! Povero muscadi ! (bis)
Passant de l'ombre à la lumière,
La Montagne, toujours sévère,
Va nous les peindre en raccourci.
Ah ! Bravo républicani ! (bis)

On ne voit par-tout qu'égoïsme,
Et fort peu de patriotisme ;
Tel orateur qui s'emportoit,
Qui, placé, s'admire et se tait. (bis)
Si, sous le prétexte d'affaire,
Il négligeoit trop cette mère ;
Cette mère un jour sevrera
L'ingrat qui l'abandonnera. (bis)

Le plat mufti de l'Italie,
Et ses suppôts d'hypocrisie,
Sont rongés de plus d'un souci.
Ahi ! Povero muscadi ! (bis)
La religion la plus sûre,
C'est l'humanité, la droiture ;
Livrons le surplus à l'oubli.
Ah ! Bravo républicani ! (bis)

Ce qui n'est pas dans la Nature,
Vient de l'erreur, de l'imposture ;
Tout ce qu'on a dit jusqu'ici,
Est l'ouvrage des muscadi. (bis)
En sortant de la servitude,
Quittez toute sotte habitude ;
Ne soyez point libre à demi.
Ah ! Bravo républicani ! (bis)

(Ce jour-là on brûloit tous les titres en présence du c. Ingrand, représentant du peuple, envoyé par la Convention)
Lorsqu'ici la flamme dévore
Des vestiges que l'on abhorre,
Qu'à nos yeux les grands sont petits !
Ahi ! Povero muscadi ! (bis)
Au feu brûlant de la patrie,
Ingrand réchauffant l'énergie,
Par ses discours nous aggrandit.
Vivent les républicani ! (bis)

 
 

Sources

AN, F17 1008A.