Chœurs chantés le dimanche 22 septembre 1793 à la fête de l'inauguration des bustes de Marat et Lepeletier, à la section des Tuileries

Auteur(s)

Année de composition

1793

Genre poétique

Description

Texte

Première station :

Place du ci-devant Palais-Royal

Air : Amis célébrons et beau jour

Amis, des francs républicains
Dont nous honorons la mémoire
Avec nous pleurez les destins
Avec nous partagez la gloire.
L'un et l'autre à la liberté
Toujours fidèle
Mourut pour elle :
Portons leurs noms à l'immortalité.

Amis, pour conserver nos droits,
Jusqu'à la mort sachons combattre.
Les vils satellites des rois
S'arment en vain pour nous abattre.
Prouvons à l'univers entier,
Que des esclaves
Et leurs entraves
Jamais, jamais ne nous feront plier.

Seconde station :

Sur la place du Muséum

Air : Veillons au salut de l'Empire

Sous ces voûtes majestueuses
Séjour paisible des beaux-arts
Affranchi d'entraves honteuses
Le talent fixe nos regards.
Liberté ! Liberté ! Divinité de ma patrie
Soutiens les arts, applaudis leurs succès
Que gloire et qu'au honneur au génie
Soit la devise des Français.

Troisième station :

Sur la place de la Révolution

Air : Marche des mariages samnites

Liberté ! Liberté !
Toi qui brisas le trône
Fais, briller ta clarté
Aux yeux de ton peuple enchanté ;
Que ton esprit nous donne,
Propice à notre ardeur
Des vertus pour couronne,
Pour sceptre le bonheur.

Quatrième station :

Sur la place des Piques, où est mort Lepeletier

Air : Dors cher enfant (de Nina)

Vis à jamais, vis dans nos cœurs
De la liberté martyr impérissable
Que la patrie inconsolable
Honore à jamais tes talents et tes mœurs.
Quel dommage,
Qu'à la fleur de son âge,
Il meure assassiné !
Héros infortuné,
Reçois ici notre hommage ;
Nos cœurs te l'ont destiné…
À la fleur de son âge
Sous l'effort de la rage,
Faut-il qu'il meure assassiné !

Cinquième station :

Place de la Raison

Air : des Marseillais

Ici nos parents et nos frères
Sont morts sous les coups des tyrans ;
Qu'aujourd'hui nos larmes sincères
Apaisent leurs mânes sanglants.
De leurs travaux, de leur victoire,
Gardons-nous de perdre les fruits ;
Ajoutons encor leur gloire,
Français républicains, jurons la liberté :
Jurons l'égalité
Et la fraternité.

Dernière station :

Dans l'Assemblée de la section

Chanson patriotique

Air : On doit soixante mille francs

Des assassins nous ont ravi
Du peuple le plus ferme appui,
C'est ce qui nous désole ;
Mais inaccessible à leurs coups
Son esprit vivra parmi nous,
C'est ce qui nous console.

Haï des traîtres des tyrans,
II fut proscrit pendant longtemps
C'est ce qui nous désole.
Errant de tombeaux en tombeaux
Il leur lançait des traits nouveaux
C'est ce qui nous console.

S'il ne peut durant un seul jour
Prouver au peuple son amour
Son grand cœur se désole.
Partout poursuivant l'oppresseur
Au faible il sert de défendeur,
C'est ce qui le console.

(Et toi Lepeletier)
Implacable ennemi des rois,
Comme lui tu soutins nos droits ;
Ton trépas nous désole.
Le despotisme frappe en vain,
Un héros mort en produit vingt,
C'est ce qui nous console.

Du haut des célestes lambris,
En contemplant nos ennemis,
Votre ombre se désole.
(Mais rassurez-vous)
Entr'eux et nous la liberté
Mettra bientôt l'éternité,
C'est ce qui nous console.

Nous avons vu dans l'univers
Prospérer longtemps les pervers
C'est ce qui nous désole ;
Mais parmi nous l'égalité
N'encense que la probité
C'est ce qui nous console.

Si le mécontent au dehors
Emporte avec lui ses trésors,
Faut-il qu'on s'en désole ?
Ce que nous perdons en écus,
Nous le regagnons en vertus
C'est ce qui nous console.

Pour conquérir la liberté
Il en coûte à l'humanité,
C'est ce qui nous désole
Mais un trésor pour nous si cher,
Ne saurait se payer trop cher ;
C'est ce qui nous console.

Chœur final

Des héros dont nos voix ici chantent la gloire
Jusques aux cieux que le nom soit porté
Chers aux Français chers à la liberté
Brutus les attendait au temple de mémoire.
Qu'ils soient encor du haut des cieux
Les ennemis, l'effroi du despotisme
Et nous, brûlant comme eux d'un pur patriotisme,
Sachons vivre et mourir comme eux.
Que le bonheur de la patrie
Nous occupe toute la vie
Jurons, jurons guerre aux méchants
Haine au crime et mort aux tyrans.

 
 

Sources

BNF, Lb40 521.