Rois de France (Les)

Année de composition

1795

Genre poétique

Description

Dizains d'octosyllabes terminés par deux alexandrins

Texte

Air : Hymne des Marseillais

Jadis on voyait sur la France
Régner des monstres sans pudeur,
Dont l'ambitieuse ignorance,
Du Peuple faisait le malheur. (bis)
Dans leurs palais, ces sots despotes,
Revêtus d'un brillant pourpoint,
Entretenaient leur embonpoint,
Du plus pur sang des sans-culottes.
Français républicains, conquérans de vos droits,
Frappez (bis) tous ces tyrans profanateurs des lois.

Ces tygres[sic], sans cesse à l'école
De plus d'un fourbe accrédité ;
Ils se jouaient de leur parole,
Sous les traits de la probité ; (bis)
Ne ménageant point les ressources,
Que leur procuraient nos bienfaits,
Aux vils agens de leurs forfaits,
Ils prodiguaient l'or de nos bourses.
Français républicains, conquérans de vos droits,
Frappez (bis) tous ces tyrans profanateurs des lois.

Quand riches de notre indigence,
Ils voyaient notre sort affreux ; 
Ils vendaient le pain de la France,
Pour servir leurs goûts odieux. (bis)
La plainte n'était point admise ;
L'infortune avait beau crier :
Monstres !… Prendre & ne rien payer
Était votre chère devise.
Français républicains, conquérans de vos droits,
Frappez (bis) tous ces tyrans profanateurs des lois.

En pillant de toutes manières ;
L'un, sous des traits religieux,
Par la pompe de ses prières,
S'efforçait d'attirer nos vœux : (bis)
L'autre, sans mœurs & plein d'audace
Coupable avec impunité,
Flattait le vice déhonté,
Et bravait les vertus en face.
Français républicains, conquérans de vos droits,
Frappez (bis) tous ces tyrans profanateurs des lois.

À l'instant où de leur vengeance
Nous devions ressentir les traits ;
Oh ! Cruelle & perfide engeance !
Ils se montraient doux, satisfaits.
S'appuyant d'un saint privilège,
Usurpé sur le souverain,
Ils trahissaient le genre humain,
En punissant un sacrilège.
Français républicains, conquérans de vos droits,
Frappez (bis) tous ces tyrans profanateurs des lois.

Ils sont rentrés dans les ténèbres
Ces grands rois, lâches, libertins,
Buveurs fameux, chasseurs célèbres,
Jouets des plus viles catins. (bis)
Ô vous que rien ne décourage !
Vrais amans de la Liberté ;
Établissez l'Égalité,
Sur les débris de l'esclavage.
Français républicains, conquérans de vos droits,
Frappez (bis) tous ces tyrans profanateurs des lois.

 
 

Sources

Almanach des Grâces pour la IIIe année républicaine, Paris, Cailleau, 1795, p. 75-77.