Stances pour le triomphe de Voltaire
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Fils d'Apollon, dont la brillante lyre
A célébré l'amour et les héros,
Père immortel de Mérope et d'Alzire,
Viens recevoir le prix de tes travaux.
Dans tes écrits l'humanité respire ;
Ta voix instruit les peuples et les rois ;
À tes accents le fanatisme expire,
Et la raison reprend enfin ses droits.
Des préjugés perçant la nuit profonde,
De nos tyrans tu devins la terreur ;
Tu préparais la liberté du monde,
En déchirant le bandeau de l'erreur.
Entends la voix de la reconnaissance ;
Dans les Français vois un peuple nouveau ;
Viens dans ces murs, tout fiers de ta naissance,
Viens recevoir un autel pour tombeau.
Du mont Jura les tribus asservies
T'ont dénoncé l'outrage de leurs fers ;
Du mont Jura les tribus affranchies
Vont proclamer ton nom dans l'univers.
De ses bourreaux tu vengeas l'innocence ;
Tu protégeais le timide orphelin.
Champs de Ferney, dites sa bienfaisance ;
Peignez son cœur, vous Calas et Sirven.
Si des talents tu parcours la carrière,
L'homme étonné croit voir le fils des dieux ;
Tu suis Newton aux champs de la lumière,
Loin des mortels tu planes dans les cieux.
Ta noble audace et soixante ans de gloire
Ont désarmé l'envie et ses serpents ;
Le despotisme outragea ta mémoire,
La liberté vient t'offrir notre encens.
Déjà ton nom a consacré l'asile[1]
Où l'amitié, par mille soins touchants,
Vint, sous les traits de la jeune pupille,
Semer des fleurs sur tes derniers instants.
De ce grand nom la Seine enorgueillie,
Aime à le voir retracé dans ses flots ;
Elle le donne à sa rive chérie[2],
Et le préfère à celui des héros.