Chant du 9 thermidor / Hymne dithyrambique sur la conjuration de Robespierre
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Texte
Orchestration par Eler
Aux prodiges de la victoire
Qu'un autre consacre ses chants,
Que ces vers mâles et touchants
Célèbrent les fils de la gloire.
En vain leur courage indompté
Nous gagnait cent et cent batailles ;
Le crime au sein de nos murailles
Allait tuer la liberté !
Chantons la liberté, couronnons sa statue
Comme un nouveau Titan
Le crime est foudroyé ;
Relève, relève ta tête abattue,
Ô France, à tes destins
Dieu lui-même a veillé.
Dans l'abîme, avec quelle adresse
Les monstres savaient t'attirer !
Ils sont prêts à te dévorer,
Leur regard encore te caresse ;
Le pur langage des vertus
Est sur leurs lèvres mensongères ;
Leurs âmes sont les noirs repaires
Où tous les forfaits sont conçus !
Chantons la liberté, couronnons sa statue
Comme un nouveau Titan
Le crime est foudroyé ;
Relève, relève ta tête abattue,
Ô France, à tes destins
Dieu lui-même a veillé.
Longtemps leur audace impunie
Trompa notre crédulité ;
En invoquant la liberté
Ils préparaient la tyrannie ;
Le jour, ils maudissaient les rois,
Leurs entreprises sacrilèges ;
Et la nuit, ils creusaient les pièges,
Tombeaux du peuple et de ses droits !
Chantons la liberté, couronnons sa statue
Comme un nouveau Titan
Le crime est foudroyé ;
Relève, relève ta tête abattue,
Ô France, à tes destins
Dieu lui-même a veillé.
Voyez-vous ce spectre livide
Qui déchire son propre flanc ?
Enivré, tout souillé de sang,
De sang il est encor acide.
Voyez avec un rire affreux
Comme il désigne ses victimes !
Voyez comme il excite aux crimes
Des satellites furieux !
Chantons la liberté, couronnons sa statue
Comme un nouveau Titan
Le crime est foudroyé ;
Relève, relève ta tête abattue,
Ô France, à tes destins
Dieu lui-même a veillé.
Ce Dieu que proclamaient leurs bouches,
Qu'ils blasphémaient au fond du cœur,
Du peuple éternel protecteur
Contre ses assassins farouches,
Dieu jette un regard menaçant
Sur le tyran, sur ses complices.
C'en est fait ! Déjà leurs supplices
Laissent respirer l'innocent.
Chantons la liberté, couronnons sa statue
Comme un nouveau Titan
Le crime est foudroyé ;
Relève, relève ta tête abattue,
Ô France, à tes destins
Dieu lui-même a veillé.
Pars, vole active Renommée !
Vole aux deux bouts de l'univers !
Du peuple écrasant pervers
Que la nouvelle soit semée !
Peins-nous citoyens et guerriers,
Terrassant d'un même courage
Les rois dans les champs du carnage
Les factieux dans nos foyers.
Chantons la liberté, couronnons sa statue
Comme un nouveau Titan
Le crime est foudroyé ;
Relève, relève ta tête abattue,
Ô France, à tes destins
Dieu lui-même a veillé.
Vous que l'amour de la patrie
Arma du poignard de Brutus,
Il faut un triomphe de plus ;
Sans lui votre gloire est flétrie
Jusque dans ses derniers canaux
Desséchez un torrent funeste ;
Frappez, exterminez le reste
Des traîtres et de leurs suppôts…
Chantons la liberté, couronnons sa statue
Comme un nouveau Titan
Le crime est foudroyé ;
Relève, relève ta tête abattue,
Ô France, à tes destins
Dieu lui-même a veillé.
L'arbre auguste dont la verdure
Défend ton front majestueux
Offre désormais à tes vœux
Une ombre plus douce et plus pure.
Des vents contre lui déchaînés
Bravant l'effort, le souffle immonde,
Bientôt il couvrira le monde
De ses branchages fortunés.
Chantons la liberté, couronnons sa statue
Comme un nouveau Titan
Le crime est foudroyé ;
Relève, relève ta tête abattue,
Ô France, à tes destins
Dieu lui-même a veillé.