Musique de Piccinni

Dieu d'Hymen, reçois nos hommages :
De deux époux entends les vœux :
Par le plaisir tu fais des sages,
Et par le devoir, des heureux.

À ton nom, la vierge insensible
Laisse attendrir son jeune cœur :
À ton nom le guerrier terrible
Soupire, et connaît un vainqueur.
L'homme, en cédant à la Nature,
Brûle sans frein comme sans choix :
Son ardeur se fixe et s'épure
En cédant à tes douces lois.

Dieu d'Hymen, reçois nos hommages :
De deux époux entends les vœux :
Par le plaisir tu fais des sages,
Et par le devoir, des heureux.

Tu donnes d'ineffables charmes
Aux soins de la maternité.
Quelle mère a regret aux larmes
Qu'à ses yeux il en a coûté ?
Des soins d'amant, d'ami, de frère,
L'homme tour à tour est charmé :
Est-il époux, devient-il père,
Il croit n'avoir jamais aimé.

Dieu d'Hymen, reçois nos hommages :
De deux époux entends les vœux :
Par le plaisir tu fais des sages,
Et par le devoir, des heureux.

Si de la rapide jeunesse
Tu n'éternises point la fleur,
Tu fais goûter à la vieillesse
Des fruits encor pleins de douceur.
Elle sourit, environnée
De rejetons qu'elle bénit,
Comme une plante fortunée
Que chaque bouton rajeunit.

Dieu d'Hymen, reçois nos hommages :
De deux époux entends les vœux :
Par le plaisir tu fais des sages,
Et par le devoir, des heureux.

Malheur au mortel qui t'ignore
Qui traîne ses jours loin de toi !
Cent fois plus malheureux encore
Celui qui te manque de foi !
L'un dans sa route solitaire
Marche tristement vers la mort :
La mort vient frapper l'adultère
Entre la honte et remord.

Dieu d'Hymen, reçois nos hommages :
De deux époux entends les vœux :
Par le plaisir tu fais des sages,
Et par le devoir, des heureux.

La France en tous lieux triomphante
Te décerne un culte nouveau.
Que des Francs la race vaillante
Ne profane plus ton flambeau !
Que dans nos fêtes domestiques
Cet oracle soit répété :
« Sans l'hymen, point de mœurs publiques,
Et sans mœurs, point de liberté. »

Dieu d'Hymen, reçois nos hommages :
De deux époux entends les vœux :
Par le plaisir tu fais des sages,
Et par le devoir, des heureux.