Hymne pour la fête de la Reconnaissance du 10 prairial

Auteur(s)

Année de composition

1799

Genre poétique

Description

Huitains d'octosyllabes en rimes embrassées + refrain en quatrain d'octosyllabes en rimes croisées

Texte

Musique de Cherubini

Paré de verdure et de fleurs,
Prairial aux champs nous appelle.
Des prés que sa faulx renouvelle
Au Ciel consacrons les primeurs ! (bis)
Nos autels sont leurs pyramides,
Leurs simples parfums notre encens.
L'abondance aux joyeux accens
Chante sur leurs sommets humides. (bis)

Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)

L'homme, à lui seul abandonné,
Vivoit sans cité, sans famille ;
Vers la voûte où le soleil brille
Son œil ne s'était point tourné.
Tu parus, et l'homme eut un frère,
Et l'indigence eut un trésor ;
Tu parus : de ta chaîne d'or
Au ciel tu rattachas la terre. (bis)

Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)

Tes plaisirs n'ont point de regrets ;
Tes faveurs n'ont point de caprice ;
Plus belle encor que la justice
À toi seule on permet l'excès.
Au vieillard ta pieuse adresse
Cache sous des fleurs le tombeau ;
Et tu souris dans le berceau
Avec l'enfance qui caresse. (bis)

Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)

Sans toi le germe des bienfaits
Meurt, étouffé dans sa semence ;
Sous ta main, sa moisson immense
S'élève, et ne vieillit jamais.
L'espoir de tes lointains hommages
Soutient les travaux méconnue ;
Ta voix jusqu'au bien qui n'est plus
Remonte en traversant les âges. (bis)

Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)

Malheur, à qui prend ton lien
Pour tendre un piège aux cœurs faciles !
C'est le lierre aux cent bras stériles
Étouffant l'arbre, son soutien.
Gloire à la vigne, qui décore
La nudité de son appui !
S'il tombe, en tombant avec lui,
Sa pourpre l'enrichit encore. (bis)

Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)

L'orgueil te proscrit chez les rois.
Le fanatisme impur te brave ;
Le cœur abruti de l'esclave
Ne tressaille point à ta voix.
Mais toi, sans erreurs et sans maître,
Peuple nouveau, toi qui vivras,
Ta faveur a fait des ingrats ;
Ne t'abaisse jamais à l'être. (bis)

Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)

Salut ! Vous par qui du chaos
La liberté jaillit armée,
Vous dont la voix l'a proclamée
Malgré les rois et leurs complots !
Recevez le chêne civique ;
De vos travaux goûtez les fruits ;
Debout sur les abus détruits,
Voyez grandir la République !

Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)

Salut ! Vous, l'honneur des combats,
Guerriers, ses vengeurs magnanimes !
Vous, son appui contre les crimes,
Salut ! Vigilans magistrats !
Que le drapeau de la victoire
S'unisse à l'écharpe des loix :
Tous deux ont protégé nos droits,
Tous deux sont tissus par la gloire.

Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)

Et vous, beaux-arts, vertus, talens,
Charme et flambeau de la patrie,
Pour vous sa juste idolâtrie
Prévient la justice des temps.
Le Panthéon sous ses portiques
Verra vos palmes rajeunir ;
Avec vos noms à l'avenir
Son écho dira nos cantiques.

Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)