Hymne pour la fête de la Reconnaissance du 10 prairial
Auteur(s)
Mots-clés
Paratexte
Texte
Musique de Cherubini
Paré de verdure et de fleurs,
Prairial aux champs nous appelle.
Des prés que sa faulx renouvelle
Au Ciel consacrons les primeurs ! (bis)
Nos autels sont leurs pyramides,
Leurs simples parfums notre encens.
L'abondance aux joyeux accens
Chante sur leurs sommets humides. (bis)
Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)
L'homme, à lui seul abandonné,
Vivoit sans cité, sans famille ;
Vers la voûte où le soleil brille
Son œil ne s'était point tourné.
Tu parus, et l'homme eut un frère,
Et l'indigence eut un trésor ;
Tu parus : de ta chaîne d'or
Au ciel tu rattachas la terre. (bis)
Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)
Tes plaisirs n'ont point de regrets ;
Tes faveurs n'ont point de caprice ;
Plus belle encor que la justice
À toi seule on permet l'excès.
Au vieillard ta pieuse adresse
Cache sous des fleurs le tombeau ;
Et tu souris dans le berceau
Avec l'enfance qui caresse. (bis)
Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)
Sans toi le germe des bienfaits
Meurt, étouffé dans sa semence ;
Sous ta main, sa moisson immense
S'élève, et ne vieillit jamais.
L'espoir de tes lointains hommages
Soutient les travaux méconnue ;
Ta voix jusqu'au bien qui n'est plus
Remonte en traversant les âges. (bis)
Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)
Malheur, à qui prend ton lien
Pour tendre un piège aux cœurs faciles !
C'est le lierre aux cent bras stériles
Étouffant l'arbre, son soutien.
Gloire à la vigne, qui décore
La nudité de son appui !
S'il tombe, en tombant avec lui,
Sa pourpre l'enrichit encore. (bis)
Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)
L'orgueil te proscrit chez les rois.
Le fanatisme impur te brave ;
Le cœur abruti de l'esclave
Ne tressaille point à ta voix.
Mais toi, sans erreurs et sans maître,
Peuple nouveau, toi qui vivras,
Ta faveur a fait des ingrats ;
Ne t'abaisse jamais à l'être. (bis)
Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)
Salut ! Vous par qui du chaos
La liberté jaillit armée,
Vous dont la voix l'a proclamée
Malgré les rois et leurs complots !
Recevez le chêne civique ;
De vos travaux goûtez les fruits ;
Debout sur les abus détruits,
Voyez grandir la République !
Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)
Salut ! Vous, l'honneur des combats,
Guerriers, ses vengeurs magnanimes !
Vous, son appui contre les crimes,
Salut ! Vigilans magistrats !
Que le drapeau de la victoire
S'unisse à l'écharpe des loix :
Tous deux ont protégé nos droits,
Tous deux sont tissus par la gloire.
Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)
Et vous, beaux-arts, vertus, talens,
Charme et flambeau de la patrie,
Pour vous sa juste idolâtrie
Prévient la justice des temps.
Le Panthéon sous ses portiques
Verra vos palmes rajeunir ;
Avec vos noms à l'avenir
Son écho dira nos cantiques.
Fille de la Nature, ô mère des vertus,
Lien des cœurs, sainte reconnaissance,
Viens, sur l'ingratitude et l'orgueil abattus
Fonder tes loix et leur douce puissance ! (bis)