Hymne à Jean-Jacques Rousseau

Auteur(s)

Année de composition

1794

Genre poétique

Description

Huitains d'octosyllabes en rimes embrassées

Mots-clés

Paratexte

Texte

Musique de Louis Jadin

Enfin sur les bords de la Seine,
Revient le vengeur de nos lois,
Dans nos murs affranchis de rois
Son ombre libre se promène
Loin des champs qu'il a préférés
Transportons sa cendre chérie
Et pour la rendre à la patrie
Bravons ses ordres révérés.

Sombres bosquets d'Ermenonville
Lac paisible, auguste berceau ;
Fuyez, l'absence de Rousseau
A désenchanté votre asile :
Qu'au moins, pour charmer votre deuil,
Une pyramide éclatante,
Lève une tête triomphante,
Où nos yeux cherchaient son cercueil.

Ah ! Si par la reconnaissance,
Jean-Jacques à nos yeux s'est offert,
Ce n'est point pour avoir ouvert
Tous les trésors de l'éloquence :
Mais il a dit la vérité,
Mais son âme sensible et pure
Nous ramène vers la Nature,
Par la voix de l'humanité.

Mais il fut malheureux… L'envie
Lui vendit cher notre bonheur ;
Comment son souffle empoisonneur
Souilla-t-il la plus belle vie ?
Un sage attisa son flambeau !
Mais pardonnons à sa mémoire,
Le trépas l'absout : et la gloire
L'unit dans le même tombeau.

Embrassez-vous ombres célèbres,
Au sein de l'immortalité ;
Par vous l'auguste Liberté
De l'erreur chassa les ténèbres ;
Quand des arts l'empire alarmé,
Lutte contre la calomnie,
Faut-il encor que le génie
Contre lui-même soit armé ?

Sors de ton urne funéraire
Sors, sublime législateur
Vois ce peuple libérateur
Qui t'implore comme son père
Contemple ce nouveau Sénat
Qui, fondé par ton éloquence,
Porte les destins de la France
Avec ton immortel contrat.

Tombez tous aux pieds de ce sage.
Femmes, enfants, vieillards, guerriers,
De fleurs, de chêne, et de lauriers ;
Courez, enlacez son image ;
Et chantant ses aimable airs,
Délassements de son génie,
Faisons redire à Polymnie
Le plus touchant de ses concerts.