Sonnet républicain (Le)

Année de composition

ap. 1795

Genre poétique

Description

Alexandrins

Texte

Grand Dieu ! Si des États, tu gouvernes les rênes,
Si leur sort dans tes mains, fut toujours en dépôt ;
Pourquoi le nôtre encor, incertain dans les tiennes,
N'est-il pas décidé ? De ta bouche, un seul mot

Renverse les tyrans, et les réduit en poudre :
Sous les coups des François, le sceptre fut brisé :
De rétablir leur joug, il seroit mal-aisé ;
À la verge du peuple, il faut unir la foudre.

Le vrai républicain craindroit-il des mortels
Lorsqu'ils sont couronnés ? Non sans doute, il les brave[1] ;
L'homme est libre en ces lieux ; les décrets sont formels ;

Le destin les confirme, il ne faut plus d'esclave
Car d'après la Nature et par toutes les loix,
Certes, les peuples sont les souverains des rois.

  1. ^ Quand ils réussiroient, la belle gloire ! Ils sont cinq ou six contre un, ce n'est plus une rixe, c'est un guet-à-pens. Et l'Histoire diroit, l'Europe n'a point combattu, elle a assassiné le peuple françois, qui s'est défendu avec courage et avec honneur, jusqu'à la dernière extrémité. On voue avec raison à l'exécration éternelle la mémoire des scélérats Marat et Roberspierre, qui ont fait égorger des milliers de nobles, mais pourquoi la même exécration ne frapperoit-elle pas aussi contre les antropophages potentats et ministres qui font massacrer des millions de citoyens ?…
 
 

Sources

BNF, Ye 55728.