Pour le 13 vendémiaire
Texte
Salut, immortelle journée
Dont les mémorables bienfaits,
À ma patrie ensanglantée,
Ont rendu l'espoir, et la paix,
Ton nom à tout Français rappelle
D'une horde esclave et rebelle
L'attentat, et le châtiment ;
Salut à l'immortel génie,
Qui, d'une affreuse tyrannie
Brisa le coupable instrument.
Dieu ! Quelle scène d'épouvante !
Fort Jean ! Sur tes affreux crénaux,
Quelle main de sang dégoûtante,
Attacha ces tristes lambeaux !
Je vois, en frémissant la pierre
Où, sous les regards de leur mère,
Ces enfans sont morts écrasés,
Souris au deuil de tes victimes,
Infâme Pitt : voilà les crimes
Que ton âme atroce a causés.
Bientôt une horde proscrite
De vils satellites des rois,
En rugissant, se précipite
Dans le sanctuaire des lois ;
S'en étoit fait de ma patrie,
Si du héros de l'Italie
Elle n'eût invoqué le bras,
Il parut, et sa main puissante
De cette cohorte insolente
Dispersa les nombreux soldats.
Ainsi, sous le ciel moins sauvage
Où j'ai passé mes plus beaux jours,
Quelquefois, un épais nuage
Du soleil obscurcit le cours,
Il semble vouloir à la terre
De sa bienfaisante lumière
Dérober l'éclat précieux ;
Mais un rayon vainqueur l'entrouvre,
Et l'œil ébloui ne découvre
Que le brillant azur des cieux.
Héros enfant de la victoire
Dont le bras sauva mon pays,
Ta vie appartient à l'Histoire ;
Elle en est le juge, et le prix.
Du temps ne craint point le ravage,
Le temps effaça-t-il l'image,
Des Camille, et des Scipions !
Digne héritier de leur vaillance
Tu sus, en illustrant la France
Réunir en toi ces deux noms.