Tout l'éclat du printemps ne saurait m'éblouir ;
Je vois dans la saison nouvelle
Des fleurs dont je ne puis jouir
Et le chant des oiseaux sans cesse me rappelle
Un doux et touchant souvenir.
Hélas ! Ils sont passés les jours de mon ivresse !
Et trop tôt j'ai vu fuir les rapides instants,
Où souvent par délicatesse
À l'objet le plus cher on cache ses tourments.
Trop tard j'ai remarqué le vol léger du temps :
Combien j'en suis punie ! Une riante image
Et des jeunes amants le séduisant langage,
Ne fait plus en mon cœur naître que des regrets !
De la nature aime-t-on les bienfaits
Lorsqu'on n'en peut plus faire usage ?
L'aveugle est-il sensible aux charmes d'un beau jour ?
Le sourd sent-il le prix d'une douce harmonie ?
Sauvez-vous, nous dit-on, par la philosophie,
Et de votre raison appelez le secours.
Ah ! Les froides vertus qu'un sage déifie,
Peuvent-elles jamais nous tenir lieu d'amour ?