Stances patriotiques pour la fête des jeunes Barra et Viala

Auteur(s)

Année de composition

1794

Genre poétique

Description

Mots-clés

Paratexte

(Suivant le plan adopté pour la fête, la marche doit être rangée sur deux colonnes, l'une de jeunes garçons, à droite, portant l'urne d'Agricole-Viala ; l'autre, à gauche, de mères de famille, portant les cendres de Joseph Barra)

Texte

Les jeunes garçons :

Tendres mères, séchez vos larmes ;
Ce jour n'est point un jour de deuil.
D'un triomphe si plein de charmes,
Ah ! Ressentez le juste orgueil :
Nos amis, soldats avant l'âge
Ont assez vécu pour l'honneur.
Ô patrie ! À tes pieds, notre jeune courage,
D'une si belle mort implore le bonheur. 

Les mères :

Enfants chéris, chantez vos frères ;
Enlacez la palme au cyprès ;
Soyez vaillants ; vos tendres mères
Sauront étouffer leurs regrets :
Oui, nous braverions l'injustice
Du sort qui vous ferait périr.
Ô patrie ! Il n'est point de plus grand sacrifice ;
Mais nos cœurs pleins de toi, sont prêts à te l'offrir.

Les jeunes garçons :

Voyez aux bords de la Durance,
Viala s'armer et marcher !
Cruels ennemis de la France,
Seul, il vous défend d'approcher !
Son âme courageuse et forte,
En mourant, garde sa fierté.
Ils ne m'ont pas manqué, les traîtres ! … mais n'importe !
Je meurs pour la patrie et pour la liberté !

Les mères :

Palaiseau, riante vallée.
C'est toi qui vis naître Barra !
Là, de sa vertu signalée
Le souvenir toujours vivra.
Aimant sa mère et sa patrie,
Plein de valeur et de bonté,
Entouré d'assassins, il les brave, et s'écrie :
Je suis républicain ! … Haine à la royauté !

Les jeunes garçons : 

Tel un arbre, de qui l'ombrage
A perdu de jeunes rameaux,
Des saisons réparant l'outrage
En fait éclore de nouveaux ;
Plus vigoureux, jusqu’à la cime,
On les voit croître et s'élancer :
De nos frères éteins, la chaleur nous anime ;
Nous vivons, nous croissons, c'est pour les surpasser.

Les mères :

Telle une sensible bergère,
Qui voit périr en un matin,
La fleur si brillante et si chère
Qu'aurait à cultiver sa main ;
Elle regrette sa parure,
Hélas ! Et la regrette en vain ;
Mais bientôt, à ses vœux, la féconde Nature
Rend de nouvelles fleurs, dont elle orne son sein.

Les mères :

Ô vous, nos fils et nos délices,
Nos ornements, nos premiers biens,

Les jeunes garçons :

Vous, nos mères et nos nourrices,
De notre enfance chers soutiens ;

Ensemble :

Le seul amour de la patrie
L'emporte sur vous dans nos cœurs :
Qu'elle soit à jamais votre / notre mère chérie ;
Pour elle allez / allons combattre, et revenez / revenons vainqueurs.