À Bonaparte, Premier Consul, sur la paix d'Amiens

Année de composition

1802

Genre poétique

Description

Mots-clés

Paratexte

O melibae ! Deus nobis haec otia fecit.

Texte

Que pour orner son front de palmes immortelles,
Bonaparte affrontant mille périls divers,
Toujours vainqueur sur la terre et les mers,
De l'aigle autrichienne ait abattu les ailes ;
Que, favori de Bellone et de Mars,
Son bras ait ébranlé le trône des Césars ;
Que sur ses pas il ait enchaîné la victoire
Sur le pont de Lodi, sur les rives du Pô,
À Malte, sur le Nil, aux champs de Marengo
Ce héros est enfin rassasié de gloire ;
Et le plus grand de nos guerriers
A préféré l'olive à ses brillans lauriers ;
Sur l'autel de la paix déposant son tonnerre,
Il donne le calme à la terre.
Ce bien si doux, seul objet de nos vœux
Nous le devons à son cœur généreux.
Aimable paix ! Ta présence chérie
Vient à sa voix consoler la patrie,
Et tu dis aux Français, qu'il a rendus fameux :
Vous êtes assez grands, enfin soyez heureux.
Ô douce paix ! Vierge pure et sacrée,
Souvent trahie, et toujours adorée,
Dans nos cités ranime les talens ;
Près du Premier Consul, par la sagesse admise,
Fais briller tes charmes puissans ;
À ses côtés la bienfaisance assise
T'invite à te jeter dans ses bras triomphans.
Auguste paix ! Que ta main libre et pure
Comble de tes faveurs la noble agriculture ;
Bonaparte préfère au fer dévastateur
Le soc fécond du laboureur.
Dans vos foyers chéris,dans vos plaines fertiles,
Rentrez, braves soldats ; que Neptune, que Mars,
À Cérès, à Bacchus, à l'industrie, aux arts,
Rendent vos bras pour eux devenus inutiles ;
Ressemblez aux Romains ; ils traçaient des sillons
Sur le théâtre de leur gloire ;
Engraissé de leur sang le champ de la victoire,
Par leurs mains cultivé, se chargeait de moissons.
Bientôt conduits par l'espérance,
Cessant au milieu des combats
De leurs flancs embrasés de lancer le trépas,
Chargés des trésors de la France,
Les pavillons français, en traversant les mers
Du levant au couchant, du midi jusqu'à l'ourse,
Iront porter, tranquilles dans leur course,
Le nom de Bonaparte au bout de l'univers.

 
 

Sources



MUTEL DE BOUCHEVILLE Jacques-François, Poésies diverses, Paris, Guilleminet libraire, 1807, tome 1, p. 324-325.