Vers à Bonaparte, au moment où le peuple français votait sur cette question : Napoléon Bonaparte sera-t-il consul à vie ?

Auteur(s)

Année de composition

1802

Genre poétique

Description

Mots-clés

Paratexte

Texte

Toujours mon sexe adora les héros,
Au temps jadis il en fut l'âme ;
Ces temps, hélas ! Étaient fort beaux,
C'était régner que d'être femme.
Mars lui-même encensait la reine de Paphos,
Et voyait s'enrôler l'Amour sous ses drapeaux.
Pourquoi n'avons-nous plus la gloire
De nous signaler à propos ?
Et d'où vient qu'en ces jours de paix et de victoire
On nous condamne à l'indolent repos ?
Pourquoi, sans nulle politesse,
Nous priver de l'honneur de donner notre voix
À celui qui causa la commune allégresse,
Qui nous créa de sages lois,
Et qui, jeune, égala, par de nobles exploits,
Les plus fiers conquérants de Rome et de la Grèce ?
Vos plumes, à la vérité,
Sont lumineuses, éloquentes ;
Elles sont mâles et savantes ;
Vous parlez avec majesté
Dans vos tribunes imposantes ;
Mais, messieurs, nous avons un instinct délicat,
Qui, pur et vrai, jamais ne nous égare ;
Chez vous le sentiment est rare,
Et chez nous il domine, et règne sans éclat.
Dans notre choix, c'est le cœur qui nous guide ;
Nous aimons, vous délibérez,
Nous sentons quand vous admirez ;
À nos vœux, en un mot, c'est le ciel qui préside.
Lisez-vous l'Évangile, on y vante deux sœurs
Au fils de Dieu bien chères l'une et l'autre :
Toutes deux de l'amour connaissaient les douceurs,
Et nous les imitons, sans craindre les censeurs…
LA BONNE PART sera la nôtre.

 
 

Sources

Almanach des Muses pour l'an XI, ou Choix des poésies fugitives de 1802, Paris, Louis, an XI, p. 103-104.