Nicolas François de Neufchâteau

Véritable enfant prodige, François de Neufchâteau publia son premier recueil de poésies, Pièces diverses du sieur François, envoyé à Voltaire. Le succès de l'ouvrage et sa reconnaissance par le Patriarche de Ferney ouvrirent les portes du monde académique au jeune poète, qui fut ainsi reçu aux académies de Dijon, Lyon, Marseille et Nancy.
Délaissant un temps les Muses pour le séminaire et le droit, François de Neufchâteau s'inscrit au barreau de  Paris en 1772 après avoir obtenu son doctorat de droit. Il s'empressa l'année suivante d'acheter une charge d'avocat du roi au bailliage de Vézelise, puis en 1775 celle de lieutenant civil et criminel au bailliage de Mirecourt. Ceci tout en trouvant le temps de fréquenter les milieux mondains parisiens. En 1781, il était devenu subdélégué de l'intendant de Lorraine à Toul. Mandaté par le marquis de Castries, ministre de la Marine, il effectua un voyage à Saint-Domingue de 1784 à 1787.

En mars 1789, François de Neufchâteau participa à la rédaction du cahier de doléances du tiers état de Vicherey. N'ayant réussi qu'à être élu comme député suppléant du bailliage de Toul, il trouva tout de même compensation en étant élu en juin 1790 membre du Conseil général du département des Vosges, puis juge de paix du canton de Vicherey en octobre de la même année.
Son élection à un mandat national eut lieu en 1791 comme député des Vosges à la Législative qu'il présida de fin décembre 1791 à début janvier 1792. Réélu à la Convention nationale par le même département, François de Neufchâteau refusa toutefois ce mandat, de même que le poste de ministre de la Justice qu'on lui proposait. Faut-il y voir de la prudence politique ou bien un empêchement dû à un problème de santé comme il l'avança ? Reste qu'il obtint, en novembre 1792, une place au Conseil général des Vosges avant de devenir président de l'administration départementale.
Ayant démissionné de ses fonctions politiques du département en 1793, il fut élu juge de paix du canton de Vicherey, fonction qu'il avait occupée quelques années auparavant. Mais c'est surtout avec la représentation de sa pièce Paméla, ou la Vertu récompensée, en septembre 1793, que les temps se troublèrent pour François de Neufchâteau, puisqu'il fut arrêté et incarcéré à la prison du Luxembourg de novembre 1793 à août 1794.
Sous le Directoire, il fut nommé commissaire du directoire exécutif pour le département des Vosges de frimaire an IV (novembre 1795) au 6 thermidor an V (24 juillet 1797). Toujours en l'an V, il fit publier à Saint-Dié son poème Les Vosges, éloge de cette région mais aussi de ses habitants dont la résistance à l'oppresseur et aux tyrans en tous temps est rappelée au long des vers.
François de Neufchâteau revint sur le devant de la scène nationale en tant que ministre de l'Intérieur de messidor an V (juillet 1797) à fructidor an V (septembre 1797). Suite au coup d'État de ce même fructidor an V, il fut nommé directeur en remplacement de Carnot, alors écarté. Il exerça enfin de floréal an VI à messidor an VII (juin 1799) les fonctions de ministre de l'Intérieur.

Rallié à Bonaparte, François de Neufchâteau se vit nommé le 4 nivôse an VIII (25 décembre 1799) membre du Sénat conservateur, qu'il présida de 1804 à 1806.
Fait comte de l'Empire en 1808, il rallia finalement Louis XVIII avant d'obtenir une place d'académicien l'année suivante et de ne dès lors plus s'occuper que de travaux agronomiques et littéraires (édition des œuvres d'Olivier de Serres, de Blaise Pascal, de Le Sage) et de mourir en 1828.