Alsa

Auteur(s)

Année de composition

1791

Genre poétique

Description

Quatrains d'alexandrins terminés par un octosyllabe en rimes croisées

Texte

Que de la Liberté la couronne guerrière
Sur ton humide front remplace les roseaux !
Que des nuits, belle Alsa, l'inégale courrière
De ses feux argente les eaux !

Parcours avec orgueil nos campagnes fécondes ;
Raconte au Dieu du Rhin la fin de nos malheurs ;
Ton urne assez long-temps n'a versé dans ses ondes
Que des flots grossis de nos pleurs.

Vois le cultivateur sur la rive fleurie ;
Couché dans la poussière, il étouffait sa voix ;
Maintenant, fier et libre, il chante la patrie,
Qui renaît et lui rend ses droits.

Entends-tu comme au loin les trompettes civiques,
Raniment les Français sous le joug espirans ;
Comme la Liberté, par ses divins cantiques,
Porte l'effroi chez nos tyrans ?

Chargés du poids des fers, ainsi que nos compagnes,
Nous avions oublié ces aimables accens ;
Les échos attristés, le long de nos montagnes,
Répétaient des sons gémissans.

Alsa, vois tout à coup sur les Vosges hautaines
Flotter des trois couleurs l'étendard immortel ;
Vois, de la Liberté qui régnait dans Athènes,
Se relever l'antique autel.

Vois de nos légions la jeunesse aguerrie,
S'avançant vers l'autel aux accens de l'airain,
Jurer de maintenir les droits de la patrie,
Les droits du peuple souverain.