Couplets sur la liberté des nègres

Auteur(s)

Année de composition

1794

Genre poétique

Description

Huitains d'octosyllabes en rimes croisées

Texte

Air : On compterait les diamans…

En France, on voyait des marquis
Se croire d'une pâte rare ;
Le Français crédule et soumis
Rampait, sous une main barbare.
Le niveau de l'égalité
Est venu fixer l'équilibre,
Et le Français persécuté
Enfin s'écria : je suis libre. (bis)

Des impôts le pesant fardeau
Écrasait la simple chaumière :
Du riche l'élégant château
Portait une taxe légère.
Le niveau de l'égalité
Est venu fixer l'équilibre,
Et le pauvre persécuté
Enfin s'écria : je suis libre. (bis)

Le financier, sûr, insolent,
Se nourrissait de brigandage,
Mais des vertus et du talent
La misère était le partage :
Le niveau de l'égalité
Est venu fixer l'équilibre,
Et le sçavant persécuté
Enfin s'écria : je suis libre. (bis)

D'un prêtre, d'un lâche imposteur
Nous applaudissions le langage :
Il avilissait notre cœur,
Il éternisait l'esclavage :
Mais de la raison le flambeau
Vient enfin éclairer notre âme :
Les préjugés sont au tombeau,
Et l'amour du vrai nous enflâme. (bis)

Des hommes étaient en troupeau
Dans les cantons de l'Amérique.
Pouvait-on souffrir ce fléau,
Sous les loix d'une République ?
Le niveau de l'égalité
Est venu fixer l'équilibre ;
Le nègre, à prix d'or acheté,
Pourra s'écrier : je suis libre. (bis)

Des Noirs un Blanc était bourreau,
Aveugles mortels que nous sommes !
Mais pour porter une autre peau,
Comme nous n'étaient-ils pas hommes ?
Le niveau de l'égalité
Est venu fixer l'équilibre :
Le nègre, à prix d'or acheté,
Pourra s'écrier : je suis libre. (bis)

Aux rois, aux tirans conjurés
Déclarons d'éternelles guerres.
Que nos liens soient resserrés,
Ne formons qu'un peuple de frères.
Arbre chéri, dieu des Français,
Pousse des racines profondes !
Nous allons, libres, à jamais,
Te voir fleurir, dans les deux mondes. (bis)

 
 

Sources

AN, F17 1010D.