Liberté du territoire français (La)

Auteur(s)

Année de composition

1794

Genre poétique

Description

Sizains

Paratexte

Texte

Le voilà donc rempli, le vœu de ma patrie !
Respire, ô Liberté ! Des rois la ligue impie
Au midi, comme au nord cède à tes fiers enfants ;
L'Europe a vu tomber aux genoux de nos braves
Ses bataillons d'esclaves ;
Sol français, tu n'es plus foulé par les tyrans !

Retentissez au loin de ce cri de victoire,
Monts fameux, tant de fois éclairés par la gloire :
Jusqu'aux bords de l'Escaut, de vos sommets porté,
Qu'il vole entretenir ces rives fortunées ;
Ô Nord ! Ô Pyrénées !
Par vous, au même instant, ce cri fut répété.

Qu'il était insolent ! Qu'il était chimérique,
Ce complot de vingt rois contre une république !
Ils s'enivraient d'orgueil, et nos bras triomphants
Ont fait de leur soldats de sanglants sacrifices ;
Et leurs vieilles milices
N'ont pas même attendu nos héros de vingt ans.

Ainsi, lorsqu'aux beaux jours et de Sparte et d'Athènes,
D'un despote insensé l'ambitieuse haine
Osa d'un peuple libre attaquer la grandeur ;
Lorsque du roi des rois l'impudente furie
Arma toute l'Asie,
Pour donner à la Grèce un nouvel oppresseur :

De ce lâche attentat la Grèce révoltée,
Consacra Marathon, Salamine et Platée ;
Et le Perse, en fuyant ce sol ensanglanté,
Présagea le destin des tyrans de la terre
Qui porteraient la guerre
Au temple de la gloire et de la liberté.

Oh ! Combien de vertus, dans cet âge héroïque,
Ajoutaient leur éclat à la splendeur publique !
Au milieu des cités, comme au sein des combats,
Quel noble dévouement ! Quelle mâle énergie !
Heureuse la patrie
Qui comptait Aristide avec Léonidas !

Ainsi, nous avons eu nos guerriers intrépides :
Il est temps de compter aussi nos Aristides.
Ô probité sacrée ! Ô sainte humanité !
Fixez dans ce séjour désormais plus tranquille,
Votre éternel asile ;
Assez et trop longtemps vous l'avez déserté.

Non, non la liberté ne veut point de victimes ;
La liberté jamais ne prescrivit les crimes :
Son culte n'admet point de sacrilège encens.
Malheur à qui chérit la discorde intestine !
Il marche à sa ruine ;
Misérable ! Il mourra de la mort des tyrans !

Honneur à nos guerriers ! Mon cœur leur dresse un temple ;
Ils nous ont consolés par leur sublime exemple,
Lorsque nous gémissions sous le poids du malheur.
Vous qui rendez hommage à ces héros fidèles,
Égalez vos modèles ;
Faites luire à nos yeux l'aurore du bonheur.

 
 

Sources