Adieux à mon manteau en l'envoyant à la société populaire de Rochefort-sur-mer, pour les défenseurs de la patrie
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Des dévots le parti bénin
Vante le trait, si mémorable,
Du bon ci-devant Saint Martin,
Qui fit, dit-on, l'aumône au diable,
En lui donnant sur un chemin,
La moitié d'un manteau très fin.
Mais c'est ainsi faire œuvre pie,
Que d'offrir le sien tout entier
Aux défenseurs de la patrie.
Il peut être utile au guerrier
Contre la dure intempérie
De la saison, et la furie
Du fer ou du plomb meurtrier :
Non, qu'on l'évite ou qu'on la fuie ;
Non, qu'on ait peur de se mouiller ;
Quand on ne craint ni feu ni pluie,
On est toujours franc du collier.
Mais une arme peut se rouiller,
Et compromette ainsi la vie
Du plus courageux cavalier,
Quand il va, d'une main hardie,
Le pied ferme sur l'étrier,
Secondé par son destrier,
Qui partage sa noble envie,
Attaquer, braver, défier,
Des brigands la horde ennemie.
Mon cher manteau, séparons-nous ;
De toi, pour un motif si doux,
Avec plaisir je me détache.
Si la main de l'honneur t'attache
Sur nos gendarmes, nos hussards,
Tu peux affronter les hasards,
Sans craindre que l'on t'en arrache :
Avec eux vole au rendez-vous.
Ah ! J'en jure par leurs moustaches ;
Si tu reviens criblé de trous,
Tu reviendras toujours sans taches.