Alégresse villageoise (L')
Texte
Air : Mon père était pot
Morgué ! Que je suis donc réjoui,
Disait Guillot à Blaise,
La paix est faite, guieu marci !
N'en est-tu pas b'en aise ?
Compère, entr'nous,
J' boirons b'en dix coups,
P'us qu'à not' ordinaire ;
P'is chacun le soir
Dans'ra, fau'ra voir,
Avec sa ménagère.
Guillot, dis-tu la vérité ?…
J'en croyons ta parole :
Oh ! Pour le coup, c'te libarté
N'est p'us eun' faribole.
C'ment c' que tous ces rois
Qu'enrhument nos droits
Auront pu s'y résoud'e ?
J'eum' donc un bon vent ?
Car on m' dit souvent
Qu'ils nous en f'raient découd'e.
Ils avont tretous l' nez cassé,
Tous ces biaux rois de carte ;
Bonaparte à peine a toussé
Qu' ça leur donn' la fièv' quarte :
Guidant les destins,
Courant sans patins,
Sus la neige et la glace,
Droit à Marengo,
À l'aigle, tout d' go,
L' coq a donné la chasse.
J' vas donc sus l'cu mettre un togniau :
P'isque j' nons p'us la guiarre :
Quien Guillot, goût' moi c' vin nouviau ;
Comm' ça pétill' dans l' varre !
Vite, à ta santé ;
Morbleu, qu' la gaîté
Nous mett' dans la tarrine !
De c' coup ton Lucas,
Qui n' partira pas,
Épous'ra Mathurine.