Ami de la patrie (L')

Auteur(s)

Année de composition

1792

Genre poétique

Description

Alexandrins en rimes plates

Texte

Aux citoyens français

Peuple français, sortons de notre léthargie.
Le sceptre & la croix d'or ont trahi la patrie.
Il est tems d'arrêter ces lions rugissans
Devenus à nos frais si fiers & si puissans.
Les nobles, les mitrés, notre prince à la tête,
Ont provoqué partout l'orage & la tempête.
Tout le tems que Louis en France régnera,
L'honnête citoyen dans les fers gémira.
Infidèle au serment fait du haut de son trône,
Ce roi mérite-t-il de porter la couronne ?
Au lieu d'exécuter, il viole la loi.
Un parjure doit-il porter le nom de roi ?
Français, congédiez bien loin de vos frontières
Ces nobles ci-devant, ces prêtres réfractaires,
Traîtres à la patrie, infidèles à Dieu,
Qui sèment la discorde & la guerre en tout lieu.
Au roi seul appartient le choix de ses ministres :
Oh ! Quel décret, Français ; que de suites sinistres !
Ces ministres séduits renverseront vos loix :
Ils rendront souverains, les princes & les rois.
Te voilà de nouveau, Français, dans l'esclavage,
Victime d'un despote & souvent de sa rage.
Fut-il jamais pour nous un sort plus malheureux ?
Qu'il parte sans délai ce monstre dangereux.
C'est là le seul moyen de sortir d'esclavage.
Français, dépêchez-vous & pressez son voyage,
Qu'il emporte avec lui son prétendu dauphin,
Sa perfide Antoinette avec tout son venin.
Un ennemi juré du sacré droit de l'Homme
Doit-il jouir du droit de régir un royaume ?
Qui répondra pour lui ? Qui sera son garant ?
Plus nous sommes humains, plus il devient tyran.
Français, c'est aujourd'hui qu'il faut montrer du zèle.
Punissez sans délai tout traître & tout rebelle :
Arrêtez, bannissez les prêtres factieux
Que l'esprit bienfaisant rend plus audacieux.
Nous avons beau prêcher la paix & l'harmonie,
Ils ne sèment partout que guerre & zizanie.
Députés, employez toute l'autorité
Pour nous rendre la paix & la tranquillité.
L'ami de la patrie est en grande souffrance.
Contre tant d'ennemis chacun crie, vengeance.
Leurs complots concertés à l'ombre de la nuit
Font dans toute la France un effroyable bruit.
À force d'étayer l'injustice & le crime,
Louis, te voilà donc dans le puit de l'abîme,
Pour avoir écouté ces prêtres factieux,
Ces nobles ci-devant devenus furieux,
Qui de nous massacrer se faisoient une fête :
Mais le Ciel en courroux, va foudroyer leur tête
Et confondre à jamais ces monstres inhumains
Qui dans le sang français voudront souiller leurs mains.

 
 

Sources

AN, F17 1006.