Musique de Giroust

Chœur :

Éloignez-vous, sortez, mortels vils et profanes ;
Cette fête appartient à la Fraternité.
Sortez, sortez ; et respectez les mânes
Des martyrs de la Liberté.

(Silence)
La musique exprime les gémissemens des ombres plaintives.

Une voix :

Quels cris plaintifs se font entendre ?
Ombres chères ! Appaisez-vous :
Voyez, voyez leurs pleurs qui baignent votre cendre ;
Du soin de vous venger, reposez-vous sur nous.

Chœur :

Éloignez-vous, sortez, mortels vils et profanes ;
Cette fête appartient à la Fraternité.
Sortez, sortez ; et respectez les mânes
Des martyrs de la Liberté.

Pendant ce chœur, une jeune citoyenne vêtue en Liberté, et portée sur les épaules de huit Sans-culottes, est déposée sur l'autel où sont les bustes de Marat et de Lepelletier, et tandis que d'autres citoyennes couvrent de fleurs leurs urnes figurées, la Liberté chante ce qui suit :

(La Liberté couronnant les deux martyrs)
Toujours votre mémoire
Revivra dans les cœurs des vrais républicains ;
La Liberté vous doit son empire et sa gloire :
Recevez de mes mains
L'immortelle couronne,
Elle est bien due aux appuis de mon trône.
Pour prix de vos vertus,
Votre place est au Ciel, où les Dieux vous demandent :
Scœvole et Brutus
Vous attendent.

Chœur :

Pour prix de vos vertus,
Votre place est au Ciel, où les Dieux vous demandent :
Scœvole et Brutus
Vous attendent.

Une voix :

Ombres sacrées !
Toujours par les Français
Vous serez adorées :
Le souvenir de vos bienfaits
Ne s'effacera jamais.
De deux monstres affreux, sortis des noirs abîmes,
Héros, vous fûtes les victimes :
Vous êtes bien vengés par nos tendres regrets.

Chœur :

Ombres sacrées !
Toujours par les Français
Vous serez adorées :
Le souvenir de vos bienfaits
Ne s'effacera jamais.
De deux monstres affreux, sortis des noirs abîmes,
Héros, vous fûtes les victimes :
Vous êtes bien vengés par nos tendres regrets.

Une voix :

Oui, du haut de l'Olympe, où, libre de l'envie, 
Votre âme brûle encore l'amour pour la Patrie,
Vous soyez, avec volupté,
Que les tyrans, en vous ôtant la vie,
Loin d'affermir leur puissance ennemie,
De votre sang ont cimenté
Le trône de la Liberté, 
Et renversé la tyrannie.

Chœur :

Ombres sacrées !
Toujours par les Français
Vous serez adorées :
Le souvenir de vos bienfaits
Ne s'effacera jamais.
De deux monstres affreux, sortis des noirs abîmes,
Héros, vous fûtes les victimes :
Vous êtes bien vengés par nos tendres regrets.

Une voix :

Appaisez-vous
Ombres plaintives !
Aux sombres rives,
Vous devez éprouver des sentimens bien doux.
Notre destinée,
Par vous est changée,
Nos fers sont rompus.
En voyant nos succès, votre âme est soulagée.
Du Fanatisme impur les autels abattus,
Ses prêtres avilis, démasqués, confondus,
Des brigands, la France purgée,
Voilà le prix de vos vertus
Héros ! Votre mort est vengée :
La Liberté vivra, les traîtres ne sont plus.

Chœur général :

Chantons, chantons, célébrons tous la gloire
Des martyrs de la Liberté ;
Leur trépas rendra leur mémoire
Plus chère à la postérité.
Pour nous, il vaut une victoire :
Pour eux, il est garant de l'immortalité.