Appel aux nations
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Paratexte
Un Jacobin de Paris a dit à la tribune le 25 nivôse : il est tems d'exciter l'indignation des peuples.
Un Jacobin de Versailles, ce jour-là même, cédait à l'inspiration de promulguer la même idée. La motion de l'un et l'ouvrage de l'autre ont paru en même tems.
Berceau de la Liberté ! Sociétés populaires ! Centre commun où tout se réfléchit ! Recevez l'hommage de ce nouvel élan de mon amour pour la Liberté : c'est à vous que je le dédie. Heureux de pouvoir contribuer en quelque chose à faire dire de cette Commune qu'elle ne cesse d'avoir un pas d'avance sur les plus empressées à l'achèvement de la Révolution.
Texte
Musique de Giroust
Peuples soumis par le crime !
Souverains de l'univers !
Vous souffrez qu'on vous opprime !
Vous ne brisez pas vos fers !
Apprenez que l'homme libre
Rugit aux murs d'Albion ;
Et que s'il dort vers le Tibre,
C'est du sommeil du Lion.
Armez-vous ; imitez la France :
Placez,
Placez la Liberté, son bonnet et sa lance,
Sur les débris sanglans des trônes renversés.
Ivres d'un pouvoir immense,
Les rois traitaient nos ayeux
Comme des tigres qu'on lance
Pour se déchirer entre eux !
Voyez, sous leur race impie,
Le soldat compté pour rien,
Sans gloire exposer sa vie,
Et mourir tendant la main !
Armez-vous ; imitez la France :
Placez,
Placez la Liberté, son bonnet et sa lance,
Sur les débris sanglans des trônes renversés.
Le premier de tous les titres
Est celui de citoyen.
Je ne connais point d'arbitres
De mes jours et de mon bien.
Dans l'ordre de la Nature,
Tous les mortels sont égaux :
Victimes de l'imposture !
Voulez-vous finir vos maux ?
Armez-vous ; imitez la France :
Placez,
Placez la Liberté, son bonnet et sa lance,
Sur les débris sanglans des trônes renversés.
Quand Mars ici nous exerce,
Quand la main de nos enfans
Attaque, frappe et renverse
Satellites et brigands ;
Je vous vois d'un pôle à l'autre
Ramper, oublier vos droits !
Ah ! Quel opprobre est le vôtre !
Éveillez-vous à ma voix.
Armez-vous ; imitez la France :
Placez,
Placez la Liberté, son bonnet et sa lance,
Sur les débris sanglans des trônes renversés.
Une femme sanguinaire,
Pour agrandir ses États,
Souffle le feu de la guerre,
Et jouit de nos combats !
Vous qui depuis trois années
Marchez d'exploits en exploits,
Aux nations enchaînées,
Soldats, répettez cent fois
Armez-vous ; imitez la France :
Placez,
Placez la Liberté, son bonnet et sa lance,
Sur les débris sanglans des trônes renversés.
Peuples des deux hémisphères
Enfans de l'Égalité,
Soyons amis, soyons frères,
Défendons la Liberté.
Pour former une famille
De l'ensemble des humains,
Qu'attendez-vous ?… le fer brille
Et la foudre est dans nos mains.
Armez-vous ; imitez la France :
Placez,
Placez la Liberté, son bonnet et sa lance,
Sur les débris sanglans des trônes renversés.