Aux journalistes

Auteur(s)

Année de composition

1799

Genre poétique

Description

Paratexte

Texte

Quoi ! Toujours de la politique,
Des cris de guerre, ou le bruit des canons ?
N'entendrai-je partout prononcer que les noms
De royauté, de république ?
Délaisse-t-on l'amour et le temple des arts ;
Pour jamais le poète a-t-il perdu sa verve,
Et le Français, sans cesse, offrira-t-il à Mars
L'encens qui n'est dû qu'à Minerve ?
Avec ses beaux calculs, que peut donc St.-A…
Contre les maux qui désolent la France ?
Il faudrait des secours, non des plans de finance,
Aux malheureux rentiers, prêts à mourir de faim.
Journalistes, quittez ces sujets lamentables ;
Ne reproduisez plus des tableaux déchirants ;
Soyez, en politique, un peu plus ignorants,
Et vous en paraîtrez mille fois plus aimables.
Tâchez, surtout, d'avoir de la gaîté ;
Parlez des arts, des amours, de leur mère :
Bien mieux que Mars, au bras ensanglanté,
Apollon et Vénus ont le droit de nous plaire.
N'oubliez pas, d'ailleurs, ce mot tant répété,
Que si l'on veut garder sa liberté,
La politique… est de se taire.

 
 

Sources

Almanach des Muses pour l'an VIII de la République française, ou Choix des poésies fugitives de 1799, Paris, Louis, an VIII, p. 138.