Avocat de l'Amour, à l'Assemblée nationale (L')

Année de composition

1790

Genre poétique

Description

Huitains d'octosyllabes en rimes croisées

Musique

Paratexte

Texte

Air : On compterait les diamans

J'admire le sage décret,
Dont tout noble murmure encore ;
Mais l'Amour sera-t-il sujet
À cette Loi qui vient d'éclore ?
L'Amour, on n'en saurait douter,
Est de pur sang d'une Déesse,
On ne saurait lui contester
Sa naissance ni sa noblesse. (bis)

Il sera donc soumis aux loix
Que vient de recevoir la France,
Et comme noble il perd ses droits,
Et toute sa prépondérance.
En grec, il se nommait Eros,
Et ce nom est doux et sonore ;
Mais ce nom célèbre à Paphos,
Tout le Peuple français l'ignore. (bis)

Laissez-lui donc le nom d'Amour,
Si connu des jeunes bergères ;
Aux champs, à la ville, à la cour,
Eros ne réussirait guère.
Sa devise est charmante encor ;
Je demande grâce pour elle ;
C'est : omnia vincit Amor,
En fut-il jamais de plus belle ? (bis)

Il tient un flambeau dans les mains,
Qui réchauffe autant qu'il éclaire,
Et de ses attributs divins,
Ce n'est pas le moins nécessaire
Lui raviriez-vous ce flambeau ?
Vos âmes ne sont point ingrates.
Souffrez aussi que son bandeau
Lui cache les aristocrates. (bis)

Les ris & les jeux enchanteurs,
Depuis longtems suivent ses traces,
Et pour livrée ils ont des fleurs
Qui naissent sous les pas des Grâces.
À Messieurs les Représentans,
Peut-elle faire quelqu'ombrage ?
Cette livrée, en aucun tems,
Ne fut un signe d'esclavage. (bis)

De l'aimable fils de Vénus,
Vous connaissez les armoiries ;
Ce sont des chiffres ingénus,
Couronnés de roses chéries.
Ces chiffres ne sont pas suspects,
Enfans de la délicatesse,
S'ils inspirent peu de respects,
Ils font éclore la tendresse. (bis)

Celle que j'aimai si longtems,
Et pour qui mon cœur brûle encore,
Zélis trahit tous ses sermens,
Et c'est mon rival qu'elle adore.
Ah ! Puisque reformer nos mœurs
Fut l'objet de vos loix nouvelles ;
Du Dieu, qui fait tous mes malheurs,
Que ne supprimiez-vous les ailes ? (bis)

 
 

Sources

Almanach des Grâces pour l'année 1791, Paris, Cailleau et Fils, 1790, p. 99-101.