Air : Vaudeville des Visitandines

Citoyens, malgré les intrigues
Des fanatiques et des rois,
Pour prix de nos longues fatigues
Nous jouirons de tous nos droits :
Que notre seule politique
Soit d'être toujours bien unis ;
Et nous recueillerons les fruits
Que nous promet la République.

Donnons un autre nom, mes frères,
À nos balles, à nos boulets,
Envoyés par nos volontaires
Aux auteurs de tant de forfaits.
Ce fut pour eux un émétique,
Ils ont rendu Longwy, Verdun ;
Et ce remède peu commun
C'est l'anis de la République.

Combattons, et que nos conquêtes
Détruisent les tyrans du Nord :
À leurs peuples donnons des fêtes ;
C'est de nous que dépend leur sort.
Volons secourir la Belgique,
Allons seconder ses efforts ;
Nous serons toujours les plus forts
En propageant la République.

De notre saint père de Rome,
Nous ne craignons pas les fureurs ;
Il voit que près des droits de l'homme,
Ses bulles ne sont que vapeurs.
Portons dans cette ville antique
Le catéchisme de nos lois,
Pour la voir encore une fois
Devenir une République.

Si nous voulons que la victoire
Fasse le bonheur des humains,
De l'Espagne, que notre gloire
Fasse trembler les paladins.
Que ce peuple mette en pratique
Notre sainte insurrection :
Que la grande inquisition
Rende hommage à la République.

Nous irons voir dans la Turquie
Le disciple de Mahomet :
Il faut qu'il soit de la partie,
Nous lui dirons notre secret.
S'il prête son serment civique,
Et s'il abjure l'Alcoran,
Je lui donne, au lieu d'un turban,
Le bonnet de la République.

Que la Raison soit notre égide
Pour conserver la Liberté ;
Et la Nature notre guide
Pour établir l'Égalité.
C'est un système sans réplique,
Tout patriote l'avouera ;
L'univers alors deviendra
Par la suite une République.

Amis, redoublons de courage !
Le ciel protège nos travaux :
Nous avons partout l'avantage,
En dépit de tous nos rivaux.
Pour la prospérité publique
Formons les vœux les plus ardens ;
Et nous serons indépendans
Sous les lois de la République.