Cantate funèbre pour la fête du 20 prairial an VII en mémoire des plénipotentiaires de la République française au congrès de Rastadt
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Musique de Gossec
Chœur :
Attentat sans exemple : unanimes douleurs !
Perfides assassins ! Généreuses victimes !
Sombre et touchant objet de courroux et de pleurs !
Sainte Paix, qui gémis sur ces restes sublimes !
Consacrons d'immortels honneurs
À tes ministres magnanimes,
Et creusons d'éternels abîmes
À tes sanglans profanateurs !
Les citoyens :
Ô de la paix divins organes,
Tombés sous d'exécrables coups !
Que ce cri parvienne à vos mânes :
Ils vivront dans nos cœurs !
Ils ont péri pour nous !
Frémis, aigle d'Autriche !
Frémis en contemplant ta proie !
La voix de ces tombeaux ne se taira jamais.
Un seul, hélas ! manque à ta joie !
Mais rien ne manque à tes forfaits.
Les femmes et les enfans :
Pleurez, familles désolées !
Mais que vos pleurs soient moins amers !
La mort fuit de ces mausolées !
Qui meurt pour son pays renaît pour l'univers !
Ah ! Quand la paix en deuil, hélas ! comme la guerre,
Prive vos cœurs d'un fils, d'un père, d'un époux
Votre toit n'est point solitaire :
Leur gloire l'habite avec vous !
Les historiens, les poëtes :
Libre Clio ! Que ta justice
Frappe ces fléaux des humains !
Mais loin du crime et du supplice,
Ombre d'Arminius, range tes vrais Germains !
Saisis-toi des pervers, terrible Mnémosine.
Et, soulevant contre eux l'avenir irrité,
Place à côté de leur ruine
L'effrayante immortalité !
Les magistrats du peuple :
Ah ! Par la guerre il faut encore
Que leurs forfaits soient expiés !
Les bords du Volga, du Bosphore,
Ont grossi ce ramas de tyrans alliés !
Victoire, retournons sur tes brillans vestiges !
Liberté ! La paix même arme encor tes guerriers !
Tous, recommençons nos prodiges !
Couvrons ces cyprès, de lauriers !
Les nouveaux défenseurs de la patrie :
Sombre hommage des funérailles,
Nous répondrons à votre deuil !
Ô glaive brûlant des batailles,
Nous te vouons nos bras sur ce double cercueil !
Tremble, Autriche coupable, au sein de tes murailles !
Tombe de ton pouvoir le sanguinaire orgueil !
Les combats sont nos représailles !
Les combats seront ton écueil !
Chœur général :
Nature ! Douce paix ! Toi, généreuse France !
Et vous, peuples amis, à la fois outragés,
Tous vous criez : vengeance !
Vous serez tous vengés !