Chanson sur la paix

Auteur(s)

Année de composition

1801

Genre poétique

Description

Huitains d'octosyllabes en rimes plates

Mots-clés

Paratexte

Texte

Air : Je suis né natif de Ferrare

Le favori de la victoire,
Bonaparte, couvert de gloire,
Ayant brisé des murs épais,
À l'univers donne la paix :
Des rives du Nil jusqu'à Vienne,
Il faut à sa voix qu'elle vienne,
Et fasse fleurir l'olivier
Qui va remplacer le laurier.

Nos neveux auront peine à croire
Ses exploits vantés par l'Histoire,
Combien de belles actions
Captivèrent les nations !
Des demi-dieux, ce digne émule,
Surpassant César, même Hercule,
En cent climats vint, vit, vainquit,
Et, dès qu'il voulut, les conquit.

Maître de subjuguer la terre,
À la délivrer de la guerre
Il borne son ambition
En toute satisfaction :
Voyant que dans plus d'un Empire,
Ce n'est qu'au repos qu'on aspire,
Pour combler le vœu des humains,
Il désarme leurs souverains.

La Concorde enfin va du monde
Chasser Bellonne furibonde ;
Exempts de ses traits dangereux,
Tous les peuples seront heureux :
Après de si longues allarmes,
Il est temps de poser les armes,
Et de faire de toutes parts
Fleurir le commerce et les arts.

Comme était plaintive et dolente
Mainte jeunesse languissante !
Sans cesse tremblant pour les jours
Du cher objet de ses amours !
Ah ! Quelle nouvelle charmante,
Pour une tendre adolescente,
D'apprendre que, grâce à la Paix,
L'hymen va remplir ses souhaits.

Enfans éloignés de vos pères ;
Sœurs qui regrettiez vos chers frères ;
Femmes désirant vos époux,
Que leur retour vous paraît doux !
Réunion délicieuse,
Combien tu rends l'âme joyeuse !
Par quels tendres épanchemens
Sont marqués ces heureux momens !

Enchaînant la discorde altière,
Un héros borne sa carrière ;
Et partout ce triomphateur
Se montre pacificateur :
S'il sut inspirer l'épouvante,
Maintenant chaque peuple vante
Ses vertus, son urbanité
Comme sa magnanimité.

Grâce à ses soins, l'Europe entière
Redeviendra tranquille et fière,
Voyant ses cités et ses ports
Se remplir de nouveaux trésors :
Le commerce et l'agriculture
Vont, en fécondant la Nature,
Nous faire oublier les fléaux,
Source intarissable de maux.

Désormais, à l'abri des craintes
Dont les âmes étaient atteintes,
C'est par des sons mélodieux
Qu'on en remerciera les dieux :
Oui, comme de Tirtée à Sparte,
Le nom fameux de Bonaparte,
Dans tous les temps, pour les Français,
Sera le signal des succès.