Chant des vengeances (Le)

Auteur(s)

Année de composition

1797

Genre poétique

Description

Paratexte

Texte

Premier barde :

Aux armes ! Qu'aux chants de la Paix
Succède l'hymne des batailles :
Aux armes ! Loin de nos murailles
Précipitons nos rangs épais.
Qu'importe l'Europe vaincue ?
Qu'importe la foule éperdue
De ces rois tremblans devant nous ?
La paix nous est-elle permise ?
L'affreux brigand de la Tamise
N'a pas succombé sous nos coups.

Chœur :

La paix nous est-elle permise ?
L'affreux brigand de la Tamise
N'a pas succombé sous nos coups.

Premier barde :

C'est lui qui des peuples armés
Soudoya les hordes serviles.

Deuxième barde :

Par lui de nos guerres civiles
Les flambeaux furent allumés.

Premier barde :

Des bourreaux de notre patrie
Son or suscita la furie :

Deuxième barde :

Sa main aiguisa les couteaux :

Les deux bardes ensemble :

Nos revers, notre aveugle rage,
Nos crimes, tout fut son ouvrage ;
De la France il fit tous les maux.

Chœur :

Nos revers, notre aveugle rage,
Nos crimes, tout fut son ouvrage ;
De la France il fit tous les maux.

Deuxième barde :

Et tant de forfaits impunis
N'auraient pas enfin leur salaire !
Et les fiers enfans de la guerre
À ce point seraient avilis !

Se tournant vers la pyramide des victimes de la terreur :

Mânes sanglans ! Pâles victimes !…

À la pyramide des braves :

Ombres chères et magnanimes
Des braves morts dans nos combats !
Vos exploits ont sauvé la France ;
Aux Français vous criez vengeance,
Et vos cris ne l'obtiendraient pas !

Chœur :

À la pyramide des victimes :

Mânes sanglans ! Pâles victimes !…

À la celle des braves :

Ombres chères et magnanimes
Des braves morts dans nos combats !
Vos exploits ont sauvé la France ;
Aux Français vous criez vengeance,
Et vos cris ne l'obtiendraient pas !

Chœur :

Vengeance !…

Premier barde :

Jusques aux deux mers
Que ce cri sacré retentisse !

Chœur :

Vengeance !…

Premier barde :

Nous ferons justice
À Londre, à nous, à l'univers.
Artisan des malheurs du monde !
Trop fier dominateur de l'onde,
En vain crois-tu nous échapper ;
Sur tes rochers inaccessibles,
Le géant, de ses bras terribles,
Va te saisir et te frapper.

Chœur :

Artisan des malheurs du monde !
Trop fier dominateur de l'onde,
En vain crois-tu nous échapper ;
Sur tes rochers inaccessibles,
Le géant, de ses bras terribles,
Va te saisir et te frapper.

Les deux bardes ensemble :

Vainqueurs d'Honscoot, de Weissembourg !
Héros de Fleurus et d'Arcole !
Triomphateurs du Capitole,
De Quiberon, de Luxembourg !
Vous tous, fils de la République !
Sous les drapeaux de l'Italique
Joignez vos saints ressentimens !
Sûrs, malgré les flots, les tempêtes,
D'atteindre les coupables têtes
Que vont dévouer nos sermens.

Chœur :

Guerriers. Nous tous fils de la République,
Citoyens. Vous tous fils de la République,
Sous les drapeaux de l'Italique,
(Les guerriers mettent le sabre à la main)
Joignons nos saints ressentimens ;
Joignez vos saints ressentimens ;
Sûrs, malgré les flots, les tempêtes,
D'atteindre les coupables têtes
Que vont dévouer nos sermens.

(Coup de canon)

Chœur général :

Le voilà !…

(Deux coups de canon)

Voilà le signal !…

(Trois coups de canon)

Voilà, voilà le signal.
Avec nos vœux, les vents d'intelligence,
Ont amené l'instant fatal.
Albion ! Liberté ! Vengeance !
Guerriers. Partons, voilà le signal.
Citoyens. Partez, voilà le signal.
Albion ! Liberté ! Vengeance !

(On entend différens rappels derrière le théâtre. Tous les guerriers sortent. Le peuple monte en foule sur l'arc de triomphe)