Chant du combat

Auteur(s)

Année de composition

1800

Genre poétique

Description

Décasyllabes

Musique

Paratexte

À Bonaparte

The sword defens the valiant ; but death
pursues the flight of the feeble ; and his renown
is not heard.

Ossian, Lath mon's poem

Texte

J'entends mugir le signal des combats ;
Debout, debout, enfants de la victoire !
Voici l'instant des périls, de la gloire ;
Il faut ou vaincre, ou mourir en soldats.

Ils avaient cru lasser notre constance,
De leurs succès tous ces rois enivrés :
Leur fol orgueil, de notre belle France,
Se partageait les lambeaux déchirés.

Fils du grand peuple, en vain parmi les braves
Au plus haut rang nous venions nous asseoir :
Vaincus, flétris, dans leur coupable espoir
Nous retombions au rang de leurs esclaves !

J'entends mugir le signal des combats ;
Debout, debout, enfants de la victoire !
Voici l'instant des périls, de la gloire ;
Il faut ou vaincre, ou mourir en soldats.

Oh ! Qu'il est beau d'aborder son vieux père,
En lui montrant le prix de la valeur,
D'offrir aux soins d'une sœur, d'une mère,
Les larges coups reçus au champ d'honneur !
Oh ! Qu'il est doux aux baisers d'une amante
De présenter son front victorieux,
Un noble front qu'embellit à ses yeux
Des maux soufferts la trace encor récente !

J'entends mugir le signal des combats ;
Debout, debout, enfants de la victoire !
Voici l'instant des périls, de la gloire ;
Il faut ou vaincre, ou mourir en soldats.

Que l'un de nous transige avec la honte,
Qu'espère-t-il ? Quel en sera le fruit ?
La mort peut fuir le vaillant qui l'affronte ;
Elle s'attache au lâche qui la fuit.
Sans frapper même elle en fait sa victime :
Pour lui le monde est un vaste cercueil ;
Il n'y voit plus que l'opprobre, le deuil,
L'affreux néant d'un cœur pusillanime.

J'entends mugir le signal des combats ;
Debout, debout, enfants de la victoire !
Voici l'instant des périls, de la gloire ;
Il faut ou vaincre, ou mourir en soldats.

Salut, ô France ! Ô ma belle patrie
Au ciel d'azur, aux drapeaux triomphants !
Que ton nom plaît à mon âme attendrie !
Dans ce grand jour, souris à tes enfants ;
Dans ce grand jour qu'armés pour tes querelles
Ils vont sceller de leur sang indompté
Tes saintes lois, ta sainte liberté,
Et le serment de te mourir fidèles.

Entendez-vous le signal des combats,
L'entendez-vous, enfants de la victoire ?
Voici l'instant des périls, de la gloire ;
Il faut ou vaincre, ou mourir en soldats.

L'ennemi vient. – Fermes, pressant la terre,
Serrons nos rangs, hérissons-les de fer.
Mais il balance… Allons, fils de la guerre,
Fondons sur eux, aussi prompts que l'éclair ;
Comme le sable au souffle de l'orage,
Qu'ils soient chassés, dispersés devant nous ;
Atteints, frappés, qu'ils tombent sous nos coups,
Comme l'épi que la flamme ravage.

Entendez-vous le signal des combats,
L'entendez-vous, enfants de la victoire ?
Marchons, marchons, à la gloire ! À la gloire
Il faut ou vaincre, ou mourir en soldats.

 
 

Sources

BNF, Ye 4269.