Chant funèbre à la mémoire du représentant du peuple Féraud assassiné à son poste le 1 prairial an III de la République

Auteur(s)

Année de composition

1795

Genre poétique

Description

Paratexte

Exécuté à la séance de la Convention nationale le 14 prairial an III, pour la pompe funèbre en l'honneur de Féraud

Texte

Musique de Méhul

Un deuil religieux couvre au loin la patrie.
Quel monstre, agitant son flambeau,
Immole à sa fureur la victime chérie
Qui dort au fond de ce tombeau ?

Dans ce temple des lois une horde effrénée
A porté le glaive assassin ;
Féraud tombe et la mort tranche sa destinée
Aux yeux du peuple souverain.
Déesse des Français, voile ton front auguste !
Partage nos vives douleurs !
Sur les restes sacrés de l'homme libre et juste
Il est doux de verser des pleurs.

Des tyrans conjurés son trépas héroïque
Confond l'espérance et l'orgueil.
Par lui l'État respire et le chêne civique
Ombrage déjà son cercueil.
Mais le législateur, à l'instant qu'il succombe,
N'a pas besoin d'un vain appui ;
Et l'immortalité le dispute à la tombe
Qui vient de se fermer sur lui.

Avec les Décius au temple de mémoire,
Apôtre de l'humanité,
Il recueille le prix que réserve la gloire
Aux martyrs de la liberté.
Sur le Sénat français jette un regard propice,
Ô toi que nous avons perdu !
Et que ton ombre encor place sur l'édifice
Et des lois et de la vertu !