Chant républicain du 10 août
Auteur(s)
Paratexte
Texte
Musique de Cherubini
S'il en est qui veuillent un maître,
De rois en rois, dans l'univers,
Qu'ils aillent mendier des fers,
Ces Français indignes de l'être :
Mais nous qui bravons les tyrans,
Nous, dignes des antiques Francs,
Nous venons célébrer ta fête,
Liberté ! Descends parmi nous ;
Nos lyres chantent ta conquête ;
Rends leurs sons plus fiers et plus doux.
« Grand Dieu ! Je crois entendre encore
Tonner les bronzes en courroux :
Hélas ! Sur qui tombent leurs coups ?
Un trouble mortel me dévore.
Ô jour de sang ! Ô jour d'effroi !
Qui vaincra d'un peuple ou d'un roi ?
Mais déjà cesse leur tonnerre ;
L'affreux despotisme a cédé ;
C'en est fait ! … Du sort de la terre
Un seul moment a décidé. »
Le peuple a vengé son injure ;
Le peuple a reconquis ses droits.
Les seuls rebelles sont les rois ;
Bannissons leur race parjure.
Eh ! Que peuvent les vains efforts
Des traîtres vomis sur nos bords ?
Que veut leur infâme courage ?
Des chaînes et la royauté !
Qu'ils combattent pour l'esclavage :
Nous vaincrons pour la liberté.
Tu périras, île perfide,
Qu'abhorre Neptune irrité !
Frémis ! Son trident redouté
Menace ta flotte homicide.
Chargés d'or et de noirs complots,
Tes navires, tyrans des flots,
N'enrichiront que les abîmes ;
Et tes léopards engloutis
Iront tous expier leurs crimes
Au fond des gouffres de Thétis.
D'âge en âge, de race en race,
Que le plus brillant souvenir
Porte jusqu'au sombre avenir
Les prodiges de notre audace !
Que nos neveux, que leurs enfants,
Par nous à jamais triomphants,
Nous doivent leur indépendance !
Que le monde brise ses fers !
Et que ce jour, cher à la France,
Soit la fête de l'univers !