Couplets pour la fête donnée aux généraux Bonaparte et Moreau, dans le temple de la Victoire, le 15 brumaire l'an 8e de la République

Auteur(s)

Année de composition

1799

Genre poétique

Description

Huitains en rimes croisées + refrain en quatrain d'octosyllabes en rimes croisées

Paratexte

Texte

Air : La victoire en chantant, etc…

Que les fils d'Apollon, les vierges d'Aonie,
Dans leurs accords mélodieux,
Célèbrent les hauts faits, la valeur, le génie
Des héros qu'on fête en ces lieux :
Il faut une immortelle lyre
Pour chanter d'immortels succès,
Être Homère pour les décrire ;
Pour les sentir je suis Français.
Amis, de l'ivresse publique,
Interprètes dans ce beau jour,
Buvons au vainqueur italique ;
Buvons à son heureux retour.

De Vienne, à ce retour, les veuves alarmées,
Son prince, tremblant dans ses murs,
Pour braver les carreaux de ce dieu des armées,
N'ont pas de remparts assez sûrsL'empereur a ordonné des fortifications autour de Vienne.
Ils n'ont pas oublié sa foudre
Grondant autour de leurs foyers,
Qui naguère a réduit en poudre
Et leur orgueil et leurs guerriers…
Amis, de l'ivresse publique,
Interprètes dans ce beau jour,
Buvons au vainqueur italique ;
Buvons à son heureux retour.

Sous ce bras foudroyant, sous ce bras indomptable,
Dans ses rivaux multiplié,
Tu verras, Albion, sur ta rive coupable
Ton léopard humilié ;
Ou ton île, en crimes fertile,
Cessant d'acheter nos revers,
De ton or, une fois utile,
Paiera la paix de l'univers.
Amis, de l'ivresse publique,
Interprètes dans ce beau jour,
Buvons au vainqueur italique ;
Buvons à son heureux retour.

Voyez comme à sa voix, si féconde en prodiges,
Tout un peuple déshéritéL'Égypte
Rentre enfin dans ses droits, ranime les vestiges
De son antique liberté !
Berceau des savantes lumières,
Reprends enfin, sous ses regards,
Le feu de tes clartés premières,
Et brille encore par les beaux-arts.
Amis, de l'ivresse publique,
Interprètes dans ce beau jour,
Buvons au vainqueur italique ;
Buvons à son heureux retour.

Toi, jeune Fabius, qu'a deviné Voltaire
Dans l'un de ses plus beaux portraits ;
Quand du sage Mornai peignant le caractère,
Il nous peint Moreau traits pour traits :
Avare du sang de tes frères,
Que ton amour sait conserver,
Rejoins nos colonnes guerrières,
Pour les conduire ou les sauver ;
Mais que l'allégresse publique
Te précède au camp des Français ;
Elle est le prix de l'Italique,
Elle est le prix de tes succès.

Et vous, guerriers chéris, amans de la victoire,
Nés dignes d'être ses rivaux,
Vous avez ce grand homme en partage de gloire,
Comme en partage de travaux.
Salut, défenseurs respectables,
Généreux appuis de nos lois :
Vous les rendez impérissables
Comme vos noms et vos exploits.
Guerriers, à l'ivresse publique
Livrez tous vos cœurs satisfaits ;
Elle est le prix de l'Italique,
Elle est le prix de vos hauts faits.

Fille de la Victoire, ô toi, vierge céleste,
Ramène en ces murs nos guerriers ;
Attache, aimable Paix, ton olive modeste
Sur ces fronts parés de lauriers !
Que cette olive salutaire
Calme les maux, sèche les pleurs
Des tristes enfans de la terre ;
Endors la haine au fond des cœurs !
Mère de l'humaine industrie,
Étouffe enfin nos longs discords ;
Rends le repos à la patrie ;
Au commerce, aux arts, les trésors !

 
 

Sources

BNF, 8 Ye 4565 ; 8 Ye 5366.