Couplets sur la réunion de tous les membres de l'Assemblée nationale, le 7 juillet 1792

Auteur(s)

Année de composition

1792

Genre poétique

Description

Quatrains de décasyllabes en rimes croisées

Texte

Air : Triste raison, j'abjure ton empire

Il est des jours bien chers à la Patrie,
Qu'elle doit mettre au rang des jours heureux.
Ô sept juillet ! Ta mémoire chérie
Plaira sans doute aux Français généreux.

C'est en ce jour qu'à la voix du civisme,
Nos députés, Jacobins et Feuillants,
Tous rapprochés par le patriotisme,
Ont abjuré leurs débats trop bruyants.

Ô Lamourette ! Aux élans de ton âme
Nous devons rendre un hommage éternel ;
Dans tous les cœurs tu rallumas la flamme
D'un sentiment unique et fraternel.

« Des lois, dit-il, ô vous, dignes ministres !
Vos différends nuisent à vos succès ;
Foulez aux pieds ces discordes sinistres ;
Votre union sauvera les Français.

Assez longtemps l'infâme calomnie
De son usage a su vous entourer ;
Rétablissez entre vous l'harmonie,
Qu'un jour plus pur vienne vous entourer.

Ne portez plus les sobriquets profanes
De tous ces clubs, l'un de l'autre jaloux,
Un peuple entier vous a faits ses organes,
Tout autre titre est indigne de vous.

La liberté doit à la monarchie
S'unir ici par les nœuds les plus forts ;
Resserrons-les, et contre l'anarchie
Joignez vos vœux, vos serments, vos efforts. »

Il dit… Soudain on fait ce qu'il désire ;
Plus de rivaux ! Chacun d'eux s'embrassait :
Chéron courait au devant de Bazire,
Et Pastoret allait vers Condorcet.

De ce tableau qui tracera l'ébauche ?
Qui nous peindra, dans cette occasion,
Du côté droit, au sein du côté gauche,
La surprenante et douce effusion ?

De toutes parts, en cette auguste enceinte,
Chacun jurait de maintenir les droits,
Les droits de l'Homme et l'Égalité sainte,
L'Égalité, fondement de nos lois.

Chacun jurait de garder l'équilibre
Qui, des pouvoirs conciliant l'effet,
Maintient le peuple et souverain et libre :
Mais sous un roi que lui-même il s'est fait.

Ô doux moment, de publique allégresse !
Louis l'apprend, il en paraît touché.
Il vient lui-même en partager l'ivresse,
Et, dans ces mots, son cœur s'est épanché.

« Que j'aime à voir que rien ne nous divise !
Nous n'avons tous qu'un intérêt commun ;
Que l'unité soit donc notre devise,
Et que le peuple et le roi ne soient qu'un. »

C'était ainsi, qu'au nom de la Patrie,
Louis parlait avec émotion.
On voit qu'il pleure ; on le croit, on s'écrie :
Vive le roi ! Vive la nation !

N'oublions pas ces promesses augustes,
Ces grands serments imprimés dans les cœurs.
Restons unis, et les cieux seront justes ;
Restons unis ; et nous serons vainqueurs.

Ô fédérés ! Que la Patrie appelle
Devers Paris, accourez, hâtez-vous !
De cet accord apprenez la nouvelle ;
Venez en chœur le chanter avec nous.

Il est des jours bien chers à la Patrie,
Qu'elle doit mettre au rang des jours heureux.
Ô sept juillet ! Ta mémoire chérie
Plaira sans doute aux Français généreux.

 
 

Sources

BNF, Ye 20675.