Air : Aussitôt que la lumière

Que nous veut la ligue impie
De ces potentats cruels ?
Te verrai-je, ô ma patrie !
Tomber sous leurs coups mortels ?
Dieux ! Leur orgueil despotique
En un lugubre tombeau
Va-t-il de la République
Changer l'éclatant berceau ?

À cette barbare idée,
Qui de nous, saisi d'horreur,
N'a pas l'âme possédée
D'une bouillante fureur ?
Dans le feu qui me dévore,
Pour moi, volant au danger,
De ces brigands que j'abhorre
Je brûle de me venger !

Le Français, peuple de braves,
Seul appui de l'univers,
De vingt nations esclaves
A déjà brisé les fers :
Dédaignant, par la victoire.
Au loin d'étendre ses droits,
Il n'aspire qu'à la gloire
D'exterminer tous les rois.

Mais, puisqu'à l'heure où nous sommes
Sonne celle des combats,
Tremblez, affreux mangeurs d'hommes
Tremblez ! Je vois nos soldats :
Chacun d'eux, pour être libre,
Changeant nos villes en camps,
Du Rhin jusqu'aux bords du Tibre,
Jure la mort des tyrans.

Honteux de leur joug infâme,
Ô Bataves, levez-vous !
Que notre exemple t'enflamme,
Fier Anglais, imite-nous :
Sous l'oppresseur qui s'apprête
Lâchement à te frapper,
Iras-tu courber la tête,
Quand tu peux la lui couper ?

Accourez, nouveaux Alcides,
Fondez sur tous ces Nérons ;
De leurs races parricides
Frappez jusqu'aux rejetons :
Foulez aux pieds les couronnes
De ces trop coupables rois,
Et que le plus beau des trônes
Soit pour vous celui des lois.