Crimes de la Convention, ou les Victimes royales (Les)

Année de composition

s.d.

Genre poétique

Description

Quatrains de décasyllabes en rimes croisées

Texte

Ces strophes peuvent se chanter sur l'air : Triste raison, j'abjure ton empire

On a frappé les royales victimes,
Au dernier point le délire est porté.
Sénat pervers ! C'est donc sur de tels crimes
Que tu prétends fonder l'égalité.

L'égalité, dangereuse chimère,
L'égalité, source de nos malheurs ;
L'égalité, de tous les forfaits, mère :
Qui vit de sang et nage dans les pleurs.

Lorsque la mort du meilleur des monarques,
Semble un bonheur à d'indignes Français,
De la douleur on m'interdit les marques
En me forçant d'applaudir leurs excès.

Mais c'est en vain que l'on veut me contraindre
Ah ! de Louis dussé-je avoir le sort,
Lâches bourreaux ! Non je ne veux plus feindre :
Je chanterai mon roi jusqu'à la mort.

Du despotisme achevant la ruine,
Pour mieux combler le vœu national,
Louis avait, jusque dans sa racine
Coupé le tronc de l'arbre féodal.

On le compare à l'oppresseur du Tybre,
Quand sur le trône il offrait un Titus.
Louis voulait que son peuple fut libre :
Fut-il Tarquin ?…, êtes-vous des Brutus ?

La monarchie au tombeau l'accompagne ;
Monstres cruels, et bientôt, par vos coups,
Du roi martyr, l'adorable compagne
Va dans le ciel se joindre à son époux.

Des tigres seuls, vous marchez sur les traces ;
L'humanité chez vous est en défaut :
Élisabeth ! Les vertus et les grâces ;
En expirant, honorent l'échafaud.

C'en est donc fait, le front de l'innocence,
Seul de la fondre attire les carreaux !
Ceux qui jadis exerçaient la puissance
Tomberont tous sous le fer des bourreaux.

Dans un pays où tout se régénère,
Moeurs comme lois doivent se retourner ;
Et l'homme humain, paisible, débonnaire,
Est un tyran qu'il faut exterminer.

L'égalité, pour le riche, importune,
En lui toujours voit un conspirateur.
Dans ce système on poursuit la fortune.
Malheur à qui de l'or est détenteur.

Quoi ! Vil Sénat ! Par toi mon pays s'arme
Pour soutenir de ridicules droits :
De tes fureurs quand l'Europe s'alarme,
Braveras-tu le courroux de vingt rois ?

Ah ! Contre toi que ce courroux s'anime,
Contre toi seul, opprobre des mortels !
Toi qui, plongeant la France dans l'abîme,
Lui causeras des regrets éternels.

Déjà la main qui doit le mettre en poudre,
A rassemblé mille instrumens divers.
Je vois l'éclair, j'entends gronder la foudre !
Et les bourreaux tombent dans les enfers.