Déclaration adoptée par l'Assemblée nationale le 28 décembre, traduite de la langue de la Raison dans celle de l'Imagination et, sous cette forme, présentée le 19 janvier à l'Assemblée nationale qui en a reçu l'hommage (La)
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Indignement privé des charmes de la paix,
Forcé de suspendre ses fêtes,
Un peuple généreux, abjurant, pour jamais,
La coupable erreur des conquêtes,
Pour fixer près de lui l'objet de ses regrets,
Pour le rendre bientôt à cette heureuse terre,
Va faire à des brigands une loyale guerre ;
Va punir noblement les plus lâches forfaits.
Peuples voisins d'un peuple libre,
Germains, Helvétiens, Savoisiens, Anglais,
Vous qui buvez les eaux et du Tage et du Tibre,
Levez-vous, regardez… et jugez les Français.
Voyez-les couronner leurs terribles frontières ;
Voyez-les franchissant ces puissantes barrières,
Aller, l'olive en main, moissonner des lauriers,
Et, justes, respecter vos modestes foyers.
C'est aux palais des rois, et non pas aux chaumières
À trembler à l'aspect de citoyens guerriers.
Les tyrans sauront qui nous sommes…
Hommes, nos citoyens-soldats,
Partout respecteront les hommes ;
La sainte Humanité marquera tous leurs pas.
Frères, ne craignez rien. Vous-mêmes, rois ingrats,
Vous, témoins inquiets de notre ardeur guerrière,
Qui, tremblans, menacez la France libre et fière,
Rassurez-vous ; voyez, et ne redoutez pas
Un peuple généreux que l'univers contemple…
Non, ne redoutez point la force de son bras ;
Craignez celle de son exemple.
Au sommet du Liban, je vois un cèdre altier ;
Les vents coalisés tourmentent son feuillage :
Le cèdre, aussi ferme que fier,
Dit : Faibles ennemis qui de m'humilier
Avez fait le complot, fort sage,
Tâchez de vous fortifier ;
Égalez, s'il se peut, les forces à la rage ;
Vous aurez le triste avantage
De me rompre, peut-être, et non de me plier.
Tel est le peuple français. Craindrait-il l'esclavage ?
On pourra le blesser ; mais non pas le flétrir :
On peut le tourmenter ; on ne peut l'asservir :
Les maux qu'on lui prépare irritent son courage.
Comme il sait les attendre, il saura les souffrir
Ces maux que des méchans, honteusement célèbres,
Dirigent contre lui, dans l'horreur des ténèbres :
Ils ne détruiront point l'espoir qu'il doit nourrir.
Liberté ! Des Français élément nécessaire…
Qu'entends-je ? Un cri civique a frappé l'atmosphère.
LA LOI ! L'ÉGALITÉ ! VIVE LIBRE, OU MOURIR !
À ce cri de l'honneur, et de la France entière ;
À ce cri foudroyant, à ce coup de lumière…
Voyez tous les tyrans pâlir ;
Aux menaces, voyez succéder les prières ;
Voyez se disperser les hordes meurtrières…
Leurs chefs abandonnés, pris, désarmés, vaincus,
Craignent un ennemi… qui ne l'est déjà plus.
Ainsi les Français font la guerre ;
L'exemple de l'Europe, et la terreur des rois ;
Ainsi deviendront-ils, par les mœurs, par les lois,
Le premier peuple de la Terre.