Dix-huit francs (Les)

Auteur(s)

Année de composition

1791

Genre poétique

Description

Sixains d'octosyllabes et de tétrasyllabes

Mots-clés

Paratexte

C'était le prix que recevait par jour chaque membre de l'Assemblée constituante

Texte

Air : Chansons, chansons

Pour les dix-huit francs qu'on lui donne,
Plus d'un député déraisonne
À tous momens ;
Dans ce Sénat que va-t-il faire ?
Il va gagner à l'ordinaire
Ses dix-huit francs.

Pour dix-huit francs on peut en France
Devenir homme d'importance
Sans grands talens ;
On peut tout faire, on peut tout dire,
Et même détruire un Empire
Pour dix-huit francs.

Pour dix-huit francs un Robespierre
Ne cesse de jeter la pierre
Aux rois, aux grands :
Des traits malins qu'on lui décoche,
Il s'en rit, pourvu qu'il empoche
Ses dix-huit francs.

Pour dix-huit francs, Cochon, Labête[1]
Approuvent du cul, de la tête
Leurs concurrens :
S'ils ne disent rien, c'est pour cause :
Car il faut faire quelque chose
Pour dix-huit francs.

Pour dix-huit francs, par le secours de la canaille,
A-t-on commis, même à Versailles,
Forfaits crians,
Mons Chabroud vous blanchit bien vite ;
Mais il ne vous en tient pas quitte
Pour dix-huit francs.

Pour dix-huit francs, s'il faut dans notre aréopage,
Faire entendre suivant l'usage
Des juremens ;
S'il faut crier à perdre haleine,
Je ferai tout cela sans peine
Pour dix-huit francs.

  1. ^ Ces noms sont ceux de deux députés de l'Assemblée constituante