Hymne à la divinité

Auteur(s)

Année de composition

1794

Genre poétique

Description

Paratexte

Chanté à la fête de l'Être suprême

Texte

Musique de Bruni

Ô Dieu puissant ! Invisible à nos yeux, 
Mais qu'en tes œuvres l'on contemple !
Ô toi dont l'espace est le temple !
Qui dans ta main tiens la terre et les cieux !
Vers toi dont il a reçu l'être,
Le Français élève sa voix ;
S'il a rougi d'obéir à des rois,
Il est fier de t'avoir pour maître.

Reçois de nous pour culte et pour autels
Nos cœurs tout remplis de toi-même.
Au sein de ta grandeur suprême,
D'un œil égal tu vois tous les mortels ;
Mais nous suivrons ta loi première,
Et nous serons tes vrais enfants,
Si nous t'offrons des vertus pour encens,
Et des actions pour prière.

Où sont-ils ceux qui t'osaient menacer ?
Qui, sous le manteau du civisme,
Vils professeurs de l'athéisme,
Du cœur de l'homme espéraient t'effacer.
C'est à l'instant de leurs naufrages,
Qu'ils ont vu dans tous les esprits
Leurs noms voués à d'éternels mépris,
Le tien à d'éternels hommages.

Pensaient-ils donc, lorsqu'il n'est plus d'erreur,
Qu'on croirait à leur imposture ;
Qu'en revenant à la nature,
De la nature on oublierait l'auteur ?
Tandis que chacun s'aime en frère,
C'est Dieu seul qu'on rejetterait !
Tous en famille on se réunirait
Pour en méconnaître le père !

Quand donc jamais des prodiges plus grands
Ont-ils signalé ta puissance ?
N'as-tu pas délivré la France
D'un joug antique et de ses vils tyrans ?
De leur famille avec audace
S'élevait l'arbre détesté ;
Tu l'as proscrit… et de la liberté
C'est l'arbre qui croît à ta place.

Lorsque vingt rois pour nous perdre aujourd'hui
Unissent le fer et l'intrigue,
Contre leur détestable ligue
Que de bienfaits nous prouvent ton appui !
Tu couvres nos armes de gloire,
Et nos champs de riches moissons…
Tu fais pour nous combattre les saisons,
Et la nature et la victoire.

Nous ne voulons que défendre nos droits ;
Soutiens une cause si juste.
Protège ce sénat auguste,
L'appui de l'homme et la terreur des rois.
Que tous les peuples de la terre,
Reconnaissant leur longue erreur,
Au lieu d'avoir le Français pour vainqueur,
S'empressent de l'avoir pour frère !