Hymne à la Liberté

Auteur(s)

Année de composition

1795

Genre poétique

Description

Quatrains d'alexandrins terminés par un octosyllabe en rimes croisées

Paratexte

Exécuté à la fête du 23 thermidor an III

Texte

Musique de Langlé

Triomphe ! De nos droits célébrons la conquête !
Que l'esclave abattu baisse un front attristé !
Peuple vainqueur des rois, c'est aujourd'hui ta fête,
La fête de la Liberté.

Du jour que l'Éternel, interrogeant l'abîme
Dit : « Salut, lève-toi ; mortels, ouvrez les yeux
La Liberté naquit, et ce gage sublime
Avec l'homme allia les cieux.

C'est là cette Pallas qui respirant la guerre,
Le casque sur la tête et la lame à la main,
Du front de Jupiter s'élança sur la terre
Pour affranchir le genre humain.

La pauvreté robuste et la vertu rigide,
Devançant ses coursiers, proclamèrent ses lois ;
Et la Gloire, élevant sa prophétique égide,
Y grava la chute des rois.

Des peuples sur sa route elle brisa les chaînes.
Ô Sparte, elle habita tes modestes remparts :
Elle donna son nom à la brillante Athènes,
Et l'orna du luxe des Arts.

Bientôt elle vola sur les rives du Tibre ;
Deux fois pour l'affranchir elle enfanta Brutus :
Vains efforts, Rome tombe, et le Français plus libre
Hérite enfin de ses vertus.

Elle éteint sur nos bords les feux du fanatisme
De l'aveugle licence arrête les complots ;
Rétablit l'harmonie ; et l'affreux vandalisme
Se replonge dans le chaos.

Grand Dieu ! Si par nos mains elle a vengé sa cause,
Enchaîne sa fortune à l'empire français !
Dans nos murs désormais que son char se repose
Et se confie à nos succès.